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La femme se dit moins heureuse ; l’homme, beaucoup plus
Recherches médicales
Depuis quarante ans, la pilule contraceptive permet aux femmes de gérer elles-mêmes leur fécondité. Elles sont de plus en plus nombreuses à travailler et à assurer ainsi leur indépendance financière. Et pourtant, cela n’a pas rendu la femme moderne plus heureuse. Au contraire, selon une importante étude américaine.
La femme se dit moins heureuse ; l’homme, beaucoup plus


Dans beaucoup de pays occidentaux, les femmes disent être moins heureuses qu’avant et aussi moins heureuses que les hommes, selon une importante étude du Bureau National Américain pour la Recherche Economique.

Des conclusions confirmées par Betsey Stevenson et Justin Wolfers, chercheurs à l’Université de Pennsylvannie. Dans leur ouvrage intitulé « Le paradoxe du sentiment de bonheur chez les femmes », les deux chercheurs commencent par rappeler les progrès de la condition de la femme depuis les années septante qu’ils qualifient d’exceptionnels.

« Le fossé entre les revenus des hommes et des femmes s’est réduit, le niveau d’instruction des femmes a augmenté, les femmes ont la possibilité de maîtriser leur fécondité comme jamais auparavant et les progrès technologiques – en ce qui concerne les appareils ménagers – les ont libérées des tâches ménagères d’autrefois », soulignent-ils.

Et pourtant, le sentiment de bonheur des femmes américaines comparé à celui des hommes, n’a pas augmenté. Au contraire, il a baissé. Alors que, dans les années septante, les femmes semblaient clairement plus heureuses que les hommes, la situation s’est maintenant inversée pour la première fois.

Des études européennes révèlent que les femmes d’Europe se sentent un peu plus heureuses que celles de la génération précédente mais que ce sont surtout les hommes qui sont beaucoup plus heureux. Ce qui explique l’écart actuel entre hommes et femmes.

Andrew Oswald, un professeur d’économie de l’université de Warwick qui étudie surtout le sentiment de bonheur, souligne que « le travail de Betsey et Justin confirme surtout une tendance générale. Après la guerre, les femmes se sentaient plus heureuses que les hommes mais cette différence n’existe plus ».

En ce qui concerne les causes de ce moindre sentiment de bonheur chez les femmes, les avis diffèrent.

Pour le professeur Oswald, c’est dû à ce que les sociologues appellent le « deuxième shift » (double horaire) : les perspectives des femmes sur le marché du travail se sont beaucoup améliorées mais leurs tâches ménagères, malgré les machines à laver la vaisselle et le linge, ne sont pas réparties équitablement. En d’autres mots, elles doivent prester un « deuxième shift » après leurs heures de travail.

Stevenson et Wolfers ne sont pas d’accord avec cette hypothèse car, soulignent-ils, les femmes (et les hommes) – malgré la pression constante dont on entend parler depuis 1965 – prestent moins d’heures de travail, notamment parce que les hommes participent davantage aux tâches ménagères. Du point de vue statistique, les femmes ne peuvent donc pas se plaindre que leur vie soit devenue plus dure par comparaison avec celle des hommes.

Des éléments plus subtils jouent peut-être un rôle comme, par exemple, le fait que les femmes réagissent différemment que les hommes aux changements actuels.

Selon la personnalité médiatique britannique Dame Joan Bakewell, « les femmes s’inquiètent davantage même lorsqu’elles ont réglé les problèmes pratiques. » Par ailleurs, le fossé qui séparait les salaires des hommes et des femmes s’est réduit mais n’a pas disparu et reste une source d’amertume pour beaucoup de femmes.


lesoir



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