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Le syndrome métabolique (SM), véritable catalogue de facteurs de risque notamment de maladie cardiovasculaire, de diabète de type 2 et de mortalité de cause cardiovasculaire, pourrait, selon les résultats d’une étude conduite au Japon, être aussi un facteur de risque d’élévation de la pression intra-oculaire (PIO).
L’étude en question, transversale, a évalué la relation entre SM et PIO chez 14 003 sujets apparemment en bonne santé participant à un programme de bilan de santé en hôpital général et enrôlés entre janvier 2004 et décembre 2008. La pression intra-oculaire a été mesurée par tonométrie sans contact, et l’hypertension oculaire (HPIO) a été définie par l’existence d’une PIO supérieure à 21 mmHg. En outre, certaines études ayant rapporté des variations saisonnières de la PIO, plus élevée en hiver qu’en été, l’impact de la température ambiante a été lui aussi évalué.
La population étudiée comptait 8 031 hommes, âgés de 46 ± 9,2 ans en moyenne (18-83 ans), et 5 972 femmes de 44,1 ± 9,1 ans d’âge moyen (18-78 ans), n’ayant pas d’antécédent de traitement antiglaucomateux ou de corticothérapie. Chez les hommes, l’indice de masse corporelle était en moyenne de 23,2 ± 3 (14,3-41,8) kg/m2 et le périmètre abdominal moyen de 81,4 ± 8 cm (48,5-132 cm) ; les chiffres correspondants chez les femmes étaient respectivement 21,1 ± 3 (14-58,3) kg/m2 et 71,4 ± 8,3 cm (49-145 cm). La pression intra-oculaire moyenne était de 14,8 ± 3 mmHg.
Parmi ces sujets, 15,3 % des hommes et 5,1 % des femmes avaient un syndrome métabolique selon les critères révisés du National Cholesterol Education Program Adult Treatment Panel III (rATPIII). Ces proportions de SM étaient respectivement de 8,2 % et 4,3 % selon les critères de la Fédération internationale du diabète (FID), où le tour de taille (à la différence du rATPIII) est une composante nécessaire à la définition du SM, à laquelle s’ajoutent au moins 2 de l’une ou l’autre des autres composantes*, avec pour valeurs de tour de taille, adaptées à la population japonaise : 90 cm ou plus (au lieu de 102 cm) chez les hommes et 80 cm ou plus (au lieu de 88 cm chez les femmes).
Une HPIO a été détectée chez 2,1 % des hommes et 0,9 % des femmes indemnes de SM, et chez 4,1 % des hommes et 4,6 % des femmes atteints de SM (critères du rATPIII).
L’analyse relie le SM (rATPIII), à la fois à la PIO moyenne et à l’hyperpression intra-oculaire. Elle montre une association positive entre SM et HPIO, avec des odds ratios de 2,0 (IC à 95 % 1,43-2,78 ; p < 0,001) chez les hommes et de 7,09 (3,74-13,43 ; p < 0,001) chez les femmes. En revanche, l’association n’est pas retrouvée chez les hommes lorsque l’analyse s’appuie sur les critères de la FID.
Par ailleurs, une association inverse entre températures maximales et HPIO est notée chez les hommes (0,63 ; 0,54-0,73 ; p < 0,001) et chez les femmes (0,67 ; 0,53-0,87 ; p = 0,002).
Une relation est mise en évidence aussi entre le nombre croissant de composantes du SM (rATPIII) et la PIO moyenne et l’HPIO, et, parmi les composantes du SM, trois sont apparues associées à l’HPIO : la glycémie à jeun, la pression artérielle et la triglycéridémie.
L’analyse par sous-groupe selon la prise ou non de médicaments susceptibles d’influer sur le SM (hypoglycémiants, antihypertenseurs, hypolipémiants…) montre une PIO plus élevée chez les sujets atteints de SM (rATPIII), qu’ils reçoivent ou non un traitement médicamenteux.
Cette étude, menée en population apparemment saine venue faire un bilan de santé, suggère que le syndrome métabolique pourrait être un facteur de risque d’hyperpression intra-oculaire (elle-même facteur de risque de glaucome). Mais elle s’appuie sur des mesures de la PIO par tonométrie sans contact et n’a pas évalué des facteurs de risque autres d’élévation de la PIO : ces résultats méritent donc d’être validés par des études longitudinales.
* Triglycéridémie x05; 150 mg/dl, à laquelle la FID ajoute : ou la prise d’un traitement spécifique de cette anomalie lipidique ; HDL-cholestérol < 40 mg/dl chez l’homme, < 50 mg/dl chez la femme, auquel la FID ajoute : ou la prise d’un traitement spécifique de cette anomalie lipidique ; pression artérielle systolique x05; 130 mmHg ou diastolique x05; 85 mmHg, à laquelle la FID ajoute : ou traitement d’une HTA antérieurement diagnostiquée ; glycémie plasmatique à jeun x05; 100 mg/dl, à laquelle la FID ajoute ou diabète de type 2 diagnostiqué auparavant.
Dr Julie Perrot, JIM
Imai K et coll. Metabolic syndrome as a risk factor for high-ocular tension. Int J Obes, Publication avancée en ligne, 16 février 2010 (doi:10.1038/ijo.2010.32). |
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