Les interactions médicamenteuses
Publié par La Pharmacienne le Février 14 2009 20:45:11
Quand un médicament modifie l'effet d'un autre médicament présent au même moment dans l'organisme, on dit qu'il y a interaction médicamenteuse. Elle résulte de l'administration concomitante ou successive de deux ou plusieurs médicaments. l'interaction médicamenteuse peut être positive et voulue, ou bien négative, et à éviter.

Mais, dans tous les cas, les mécanismes sont les mêmes.

Dans bien des cas, l’effet est favorable et les médecins se servent de ces interactions pour accroître l’efficacité ’un traitement. Par ailleurs, un médicament peut être utilisé comme antidote d’un autre en cas d’intoxication. Dans d’autres cas, l’effet est néfaste. Il peut aller du simple blocage de l’effet favorable à une réaction mettant la vie du patient en danger (choc anaphylactique, par exemple).


Ainsi un a association entre deux médicaments ou entre un médicament et une substance déterminée (alcool, essentiellement) peut être contre-indiquée (interdite), déconseillée (le bénéfice attendu doit l’emporter sur le risque encouru) ou faire simplement l’objet de précautions d’emploi (surveillance attentive).

On peut observer une synergie, une potentialisation ou un antagonisme



1. Synergie

- additive totale lorsque les effets E1 et E2 s'ajoutent totalement.
- additive partielle lorsque les effets s'ajoutent partiellement.


2. Potentialisation

Lorsque l'effet E1 du médicament M1 est augmenté sous l'effet E2 du médicament M2 de telle manière que la somme des effets E1 + E2 soit nettement supérieure à leur simple addition, on dit qu'il y a potentialisation.


3. Antagonisme

Il y a antagonisme lorsque l'effet E1 du médicament M1 est diminué ou supprimé sous l'effet E2 du médicament M2 ou réciproquement.


Les interactions entre deux médicaments dépendent :

• de leurs effets directs ou indirects.
• des modifications de leurs paramètres pharmacocinétiques.
• des deux mécanismes précédents à la fois.


Les interactions de type pharmacocinétique sont, du moins au premier abord, plus inattendues. Par exemple, la plupart des macrolides (érythromycine, troléandomycine), qui sont des antibiotiques, potentialisent les effets des dérivés de l'ergot de seigle comme l'ergotamine qui est un vasoconstricteur.

L'explication de cette potentialisation qui a entraîné des accidents graves est d'origine pharmacocinétique : les macrolides inhibent l'inactivation de l'ergotamine dans l'organisme, l'ergotamine s'accumule donc et devient toxique.


Les interactions entre deux médicaments s'observent en général lorsque les deux médicaments sont pris simultanément ou avec un intervalle de temps assez court, de quelques heures à une journée. Mais des interactions sont possibles avec des intervalles séparant la prise de l'un de celle de l'autre beaucoup plus longs, de quelques jours à deux ou trois semaines.

Dans ce dernier cas, l'un au moins des médicaments a des effets prolongés provenant, le plus souvent, d'une forme retard à libération prolongée ou d'une inhibition enzymatique irréversible nécessitant une synthèse nouvelle de l'enzyme.


4. Mécanismes des interactions

4.1 - Interactions pharmacodynamiques

Il s’agit d’une action directe ou indirecte au niveau d’un récepteur ou d’une fonction. Cette interaction peut être compétitive (sur le même récepteur) ou non compétitive (sur des récepteurs indépendants). Ses conséquences peuvent être une diminution ou une potentialisation d’effets thérapeutiques ou d’effets indésirables.


4.2 - Interactions pharmacocinétiques

Elles peuvent se produirent à quatre niveaux :

- diminution de l’absorption d’un médicament après prise orale (liée à la présence d’un autre produit ou à une modification du pH gastrique) ;
- modification de sa distribution (par compétition pour un même site de fixation protéique ou déformation de ce site) ;
- modification de sa clairance urinaire ;
- modification de son métabolisme hépatique, par induction ou inhibition au niveau de la monooxydation par les cytochromes P450 et/ou de la conjugaison. Ces phénomènes conduisent à une augmentation ou une diminution du métabolisme, donc à une diminution ou une élévation de concentration du médicament associé.

4.3 - Interactions alimentaires


Une modification de l’absorption d’un médicament après prise orale peut être liée au pH gastrique ou à la composition du repas (notamment en graisses). Certains médicaments sont mieux absorbés à jeûn (didanosine, indinavir) ou au contraire avec un repas (saquinavir, ritonavir, nelfinavir).

La teneur en bicarbonates des liquides de boisson conditionne le pH urinaire et par suite le risque de cristallisation de certains médicaments en milieu acide (sulfamides) ou basique (indinavir).


4.4 - Contextes pathologiques

Les insuffisances des organes émonctoires (foie et rein), préexistantes ou survenant sous traitement, sont susceptibles de modifier le métabolisme et d’amplifier les effets indésirables (et les interactions).

D’autres effets indésirables préexistants (pancréatite, diabète, neuropathie périphérique, troubles hématologiques,) sont susceptibles de s’ajouter à ceux des antirétroviraux.

Enfin, l’hypersensibilité connue à l’un de ces médicaments contre-indique toujours son utilisation

Quelques conseils pratiques pour prévenir les interactions médicamenteuses

1. Informez toujours votre médecin, votre dentiste et votre pharmacien des médicaments prescrits par ailleurs, ou achetés sans ordonnance.

2. Prévenez toujours votre pharmacien des traitements que vous suivez, avant d’acheter un médicament d’automédication.

3. Si vous devez prendre le volant, méfiez-vous du risque de somnolence lié à l’association de plusieurs médicaments faiblement sédatifs.

4. Ne croyez pas qu’un médicament soit forcément anodin parce qu’il est en vente libre. Certains d’entre eux peuvent être à l’origine d’interactions graves, comme l’aspirine lorsqu’on prend des anticoagulants.

5. Prenez garde au fait que deux médicaments, même pris à distance l’un de l’autre, peuvent interférer entre eux.

6. N’oubliez pas que la prise d’alcool peut entraîner des réactions violentes avec des médicaments d’usage courant. Sachez également que des quantités significatives d’alcool peuvent être présentes dans certains sirops ou solutions buvables.

7. N’oubliez pas que les produits et médicaments à base de plantes peuvent provoquer eux aussi des interactions.


Dans le cas des traitements de longue durée, Pour éviter les interactions médicamenteuses, il faut que les patients qui reçoivent un traitement de longue durée (par exemple contre l’hypertension, contre un excès de cholestérol ou pour traiter une maladie chronique) prennent les devants : ils doivent demander à leur médecin de leur préciser par avance les mesures à prendre en cas de rhume, de maux de tête, de douleur ou de troubles digestifs.