Déserts médicaux : la majorité reste divisée sur les remèdes
Publié par hammar le Mars 09 2009 14:25:58
L'examen de la loi Bachelot a repris lundi à l'Assemblée. Parmi les points qui susciteront le plus de débats, l'interdiction de la vente d'alcool aux mineurs ou «au forfait» (pour éviter les open bars...

Nouvelles étendues

Lobby médical et élus ruraux s'affrontent sur la liberté d'installation.

L'examen de la loi Bachelot a repris lundi à l'Assemblée. Parmi les points qui susciteront le plus de débats, l'interdiction de la vente d'alcool aux mineurs ou «au forfait» (pour éviter les open bars et le phénomène des binge drinking ou «cuites express») et les déserts médicaux. La ministre de la Santé prévoit de fixer région par région le nombre de places d'internat, dans chaque spécialité.

Elle veut aussi réserver les subventions aux cabinets qui correspondent aux «schémas régionaux d'organisation» de la médecine de ville. Les agences régionales de santé (ARS) devront dessiner ces schémas, en fonction des besoins de la population.

Le rapporteur du texte, Jean-Marie Rolland (UMP), propose par amendement que les ARS attribuent une bourse mensuelle de 1 200 euros, dès la deuxième année d'études, aux futurs médecins s'engageant à exercer une dizaine d'années en zone sous-médicalisée. Ce que pratiquent déjà - pour les trois dernières années d'études seulement - certains conseils généraux ou régionaux, avec un succès mitigé. L'Allier a trouvé six futurs généralistes candidats en trois ans (il en espérait une douzaine) et la Saône-et-Loire trois en deux ans, alors qu'il en faudrait 80 pour rejoindre la moyenne nationale.

Certains députés, de gauche comme de droite, veulent aller beaucoup plus loin pour mieux répartir les médecins. Quelques-uns imaginent pouvoir forcer les jeunes généralistes à exercer deux ou trois ans en zone rurale, en début de carrière. La ministre ne veut pas en entendre parler, craignant qu'une telle mesure ne diminue encore les vocations de généralistes.

«Contrat santé solidarité»

Jean-Marie Rolland propose un compromis : reprendre le «contrat santé solidarité», sur lequel Assurance-maladie et médecins ont échoué à s'entendre. Trois ans après l'instauration des schémas régionaux, si ces derniers n'ont pas suffi à rééquilibrer leur implantation, les médecins des centres-villes s'engageraient à soutenir leurs confrères de banlieue ou de campagne, en y effectuant une à deux vacations par semaine, sous peine de pénalité financière. Le ministère voit l'initiative d'un bon œil, à condition de ne pas frapper plus durement les futurs médecins - la grève des internes reste dans les esprits. Or le rapporteur souhaiterait que toute nouvelle installation dans une zone dense soit conditionnée à la signature d'un «contrat». Sans quoi, les patients ne seraient pas remboursés.

«Difficile de prévoir sur quoi tout cela débouchera. Si, comme c'est le cas depuis le début de l'examen du texte, il n'y a que des médecins dans l'Hémicycle, les mesures resteront très soft, explique un acteur du dossier. Mais si les élus ruraux surgissent, cela peut tout changer.» Ils étaient visiblement un peu plus nombreux hier soir.

lefigaro