Génériques : la CNAM maintient la pression
Publié par La Pharmacienne le Mai 07 2009 12:37:08
En 2008, le taux pénétration des génériques a une nouvelle fois franchi le seuil des 80 %. Pour l'exercice en cours, l'assurance-maladie table sur des perspectives identiques...

Nouvelles étendues
En 2008, le taux pénétration des génériques a une nouvelle fois franchi le seuil des 80 %. Pour l'exercice en cours, l'assurance-maladie table sur des perspectives identiques. Un objectif conventionnel « ambitieux » mais « atteignable ».

En 2008, le taux de substitution au sein du répertoire générique a atteint 82 % (contre 81,7 % en 2007). « Un niveau élevé et satisfaisant, comparable à celui de nos voisins européens », se félicite Frédéric van Roekeghem, directeur général de l'UNCAM (1). Sur le terrain, la forte implication des professionnels de santé (pharmaciens et médecins) et l'impact du dispositif « tiers payant contre génériques » ont été les catalyseurs de ce léger accroissement. Ces douze derniers mois, les génériques ont ainsi permis à l'assurance-maladie d'économiser 905 millions d'euros (contre 734 millions en 2007), auxquels il convient d'ajouter les 140 millions d'euros d'économies générées par les médicaments sous TFR (2). Pour autant, les fortes disparités géographiques en matière de substitution des spécialités inscrites au répertoire, entendez la liste des produits génériqués (3), démontrent qu'il est possible de faire mieux... Cette année, la CNAM maintiendra donc la pression auprès des principaux acteurs concernés (assurés, pharmaciens, médecins).

Pour 2009, l'objectif national fixé par les partenaires conventionnels tend à maintenir le taux de pénétration des génériques à un niveau supérieur à 82 %. Un objectif « ambitieux » tant les marges de progression deviennent étroites au-delà de 80 %, relève-t-on à la CNAM. Sans parler de l'intégration de nouveaux produits dans le répertoire qui a pour fâcheux effet d'infléchir mécaniquement le taux d'utilisation des génériques. Pour atteindre le but qu'elle s'est fixée, l'assurance-maladie vient donc de dresser une liste de 15 molécules cibles (avenant n°4). Parmi celles-ci figurent notamment neuf nouvelles molécules (pantoprazole, perindopril, venlafaxine, etc.) qui représentent un potentiel d'économies de 105 millions d'euros. Afin de gommer les fameuses inégalités régionales, l'assurance-maladie prévoit également d'élargir le dispositif « tiers payant contre générique » à l'ensemble du territoire (14 départements ne l'ont pas encore mis en place). Et pour cause. Il existe près de 20 points d'écart entre le premier et le dernier département (4). Pour les accompagner dans leur démarche, les Délégués de l'assurance-maladie (DAM) visiteront à nouveau les professionnels de santé dans le courant de l'année.

Les médecins mis à contribution

Dans ce contexte, les médecins devront apporter leur pierre à l'édifice. Il leur sera demandé de procéder à un rapport coût/efficacité thérapeutique dans le cadre d'objectifs conventionnels, mais aussi de favoriser la prescription de médicaments disposant d'un équivalent générique. « Des contrats d'amélioration des pratiques individuelles (CAPI) pourront être signés dès le mois prochain entre l'assurance-maladie et les médecins volontaires, affirme Frédéric van Roekeghem. Ces derniers seront rémunérés pour atteindre divers objectifs, dont la prescription dans le champ du répertoire générique. » Avec la crise économique qui s'accompagne d'une diminution substantielle des recettes de la Sécurité sociale, les médicaments génériques représentent plus que jamais un levier vital pour les finances de l'assurance-maladie. Mais il y a des raisons d'espérer. Les quatre prochaines années coïncident effectivement avec la fin de la protection brevetaire de nombreuses molécules, particulièrement coûteuses en termes de dépenses de santé. De fait, les économies réalisées grâce aux génériques pourraient doubler d'ici quatre ans, comme le souligne la CNAM.

Evalué à 500 millions d'euros en 2002, ce marché s'établit désormais à 1,8 milliard d'euros.


Jonathan Icart


(1) Union nationale des caisses d'assurance-maladie - UNCAM.

(2) Tarif forfaitaire de responsabilité - TFR. Pour les médicaments de marque concernés par ce dispositif, le tarif de remboursement est fixé sur le prix du générique correspondant.

(3) D'après la CNAM, le répertoire constitue à l'heure actuelle près de 37 % du total des boîtes de médicaments remboursés, contre 23 % seulement en 2002.

(4) En 2008, le taux de pénétration des génériques a atteint 90,7 % dans le Tarn-et-Garonne, contre 72,1 % en Ile-de-France.