Taux excessifs de plomb et d'arsenic dans les produits ayurvédiques en ligne
Publié par Administrateur le Août 27 2008 07:55:20
Un cinquième des produits de médecine ayurvédiques indiens et américains vendus via internet contiennent des taux excessifs de plomb, de mercure ou d'arsenic, selon une étude de médecins publiée mardi, ce qui plaide pour un renforcement de la réglementation des compléments diététiques.
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WASHINGTON (AFP) - Un cinquième des produits de médecine ayurvédiques indiens et américains vendus via internet contiennent des taux excessifs de plomb, de mercure ou d'arsenic, selon une étude de médecins publiée mardi, ce qui plaide pour un renforcement de la réglementation des compléments diététiques.

"Depuis 1978, plus de 80 cas d'empoisonnement au plomb lié aux médecines ayurvédiques ont été signalés dans le monde", soulignent ces médecins dans leurs travaux parus dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) daté du 27 août.

Aux Etats-Unis comme en Europe, ces remèdes connaissent depuis plusieurs années une popularité grandissante, où ils sont vendus sur les marchés asiatiques, les boutiques de produits diététiques et via internet.

Cette médecine née en Inde il y a plus de 2.000 ans est pratiquée par 80% des Indiens. Elle se divise en deux grandes branches.

L'une est en principe strictement basée sur des plantes et la seconde, appelée Rasa Shastra, sur une pratique ancestrale consistant à délibérément combiner des plantes à des métaux, des minéraux ou des gemmes.

Les experts de la Rasa Shastra en Inde qui recourent au plomb et au mercure notamment affirment que cette médecine est thérapeutique et sans danger si elle est bien dosée et administrée.

L'étude conduite par des médecins de la faculté de médecine de l'université de Boston (BUSM) dans le Massachusetts (nord-est) a montré que tous les produits vendus contenant des substances métalliques excédaient une ou deux normes américaines de consommation quotidienne acceptable de métaux toxiques.

"Plusieurs produits de Rasa Shastra fabriqués en Inde pouvaient conduire à ingérer des doses de plomb et de mercure dépassant de cent à dix milles fois les limites acceptables", précise le Dr Robert Saper, le principal auteur de cette étude.

Il ajoute qu'il n'y pas d'estimation quant à la prévalence des métaux lourds (mercure, plomb, fer et zinc) dans les produits ayurvédiques vendus en ligne ainsi que le nombre fabriqués aux Etats-Unis.

Pour faire leur enquête, ces chercheurs ont identifié 25 sites internet qui offraient 673 produits médicinaux Ayurvédiques.

Ils en ont choisi au hasard et acheté 193 produits par 37 fabricants différents afin de les analyser.

Au total, 20,7% des ces médecines contenaient des taux détectables de plomb, de mercure et/ou d'arsenic, précisent-ils.

Les produits venant d'Inde et des Etats-Unis avaient la même probabilité de contenir des métaux toxiques, relèvent-ils.

Les médecines Rasa Shastra comparées à celles basées seulement sur les plantes présentaient deux fois plus de probabilités de contenir des métaux et avaient des concentrations plus élevées de plomb et de mercure. Ces métaux à doses excessives sont très nocifs.

Parmi les produits ayurvédiques contenant des métaux, 95% ont été vendus par des sites internet aux Etats-Unis. Sur ces sites, 75% affirmaient observer des méthodes de fabrication très contrôlées et tester la teneur en métaux lourds.

"Cette étude met en lumière le besoin pour le Congrès (américain) de réexaminer la réglementation des compléments diététiques aux Etats-Unis", juge le Dr Robert Saper.

L'Institut américain de médecine, une autorité indépendante, avait conclu en 2005 que "les mécanismes réglementaires pour contrôler la sûreté des compléments diététiques devraient être revus", rappelle ce médecin.

Il explique à l'AFP que les réglementations actuelles de la FDA, l'agence américaine des médicaments et des produits alimentaires, selon lesquelles les fabricants de ces produits diététiques devaient seulement garantir --sans avoir à le démontrer-- l'absence d'un risque déraisonnable, rendaient difficiles pour les autorités fédérales de protéger efficacement la santé publique.