Le Parlement japonais autorise les dons d'organes pour les enfants
Publié par La Pharmacienne le Juillet 17 2009 09:10:40
Le Parlement japonais a adopté un amendement levant l'interdiction de dons d'organes pour les enfants de moins de 15 ans, à l'issue d'une âpre bataille politique de plus...

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Le Parlement japonais a adopté un amendement levant l'interdiction de dons d'organes pour les enfants de moins de 15 ans, à l'issue d'une âpre bataille politique de plus de 10 ans.

Le texte, qui avait été approuvé par les députés le 18 juin, a été voté lundi par les sénateurs, mettant ainsi fin à un débat enflammé autour du concept, très controversé au Japon, de "mort cérébrale".

"Nous sommes enfin arrivés sur la ligne de départ", a déclaré Keiichiro Nakazawa, dont le bébé d'un an est mort en décembre 2008 en attendant une greffe dans un hôpital américain.

"L'accès aux greffes d'organes va s'ouvrir pour beaucoup d'enfants dont la vie ne pouvait pas être sauvée parce que la loi japonaise les empêchait de recevoir des organes", a-t-il ajouté.

Pour les quelque 50 enfants attendant un coeur chaque année au Japon, il n'y avait jusqu'ici pas d'autre alternative qu'une greffe à l'étranger, souvent grâce à des dons publics. Une transplantation cardiaque coûte aux Etats-Unis entre 1 et 1,5 million de dollars pour des non-résidents.

Le député conservateur Taro Kono, qui militait depuis plusieurs années en faveur d'une réforme de la loi sur les greffes d'organe, s'est déclaré "très, très heureux" que l'amendement ait été adopté par le Parlement.

"C'est une étape énorme", a-t-il dit. "Mais le vrai défi va commencer demain, car tous les hôpitaux vont devoir être modernisés en prévision de ces greffes d'organes", a-t-il ajouté.

"C'est comme si nous étions qualifiés pour la Coupe du monde de football. Il faut maintenant que nous gagnions", a ajouté le député, qui a donné une partie de son foie à son père en 2002.

Le concept de mort cérébrale, état pendant lequel les organes majeurs, comme le coeur, continuent à fonctionner sous assistance en attendant une transplantation, est souvent confondu au Japon avec le coma végétatif, ce qui dissuade les familles d'autoriser un prélèvement d'organes sur le corps de leur proche.

Le texte adopté lundi précise désormais qu'un individu prononcé en "mort cérébrale" est considéré comme mort aux yeux de la loi.

"Le plus important est de sensibiliser la population à cette question dès l'enfance", a estimé M. Nakazawa.

L'amendement abolit également le système du "double consentement", condition unique au sein des pays développés, selon lequel un donneur potentiel doit avoir spécifié son intention par écrit et la famille doit également donner son accord.

Il prévoit qu'en l'absence de document écrit, une personne est considérée par principe comme un donneur potentiel, sauf si la famille s'y oppose.

Toutes ces restrictions contenues dans la loi de 1997 expliquaient le bilan déplorable des greffes dans un pays pourtant à la pointe de la recherche et de la technologie dans le domaine de la santé.

Seules 81 greffes ont été pratiquées au Japon depuis 12 ans, contre plusieurs milliers chaque année aux Etats-Unis et plusieurs centaines dans les pays européens.

Plus de 12.000 patients attendent de recevoir un don d'organes dans l'archipel, où pourtant 10.000 personnes sont déclarées chaque année en mort cérébrale. Beaucoup de Japonais se rendent en Chine ou aux Philippines, où le trafic d'organes est florissant.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS), décidée à mettre un terme au "tourisme des greffes", a prévu de recommander au début 2010 que les transplantations soient effectuées dans le pays du donneur et du receveur.

L'Australie, la Grande-Bretagne et l'Allemagne ont déjà annoncé qu'elles refuseraient à l'avenir les patients japonais pour les transplantations.


AFP