Infections au cours du traitement d’induction des leucémies lymphoblastiques aiguës de l’enfant
Publié par La Pharmacienne le Décembre 16 2009 20:52:27


L’infection est une complication commune du traitement des leucémies aiguës lymphoblastiques (LAL). Ce risque est particulièrement élevé lors de la chimiothérapie...

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L’infection est une complication commune du traitement des leucémies aiguës lymphoblastiques (LAL). Ce risque est particulièrement élevé lors de la chimiothérapie d’induction avant la rémission. Il est lié à plusieurs facteurs : cathéters, infection muqueuse, neutropénie, déficit immunitaire. Une équipe de Toronto a repris les cas de LAL observés de 1997 à 2006 dans le but de décrire les infections identifiées et d’isoler les facteurs de risque à l’induction.


Tous les cas de LAL (à l’exception des LAL 3) âgés de un an et 18 ans et qui ont reçu une chimiothérapie d’induction entre mars 1997 et septembre 2006 ont été inclus. L’antibiothérapie empirique en cas de fièvre et neutropénie était l’association d’une bêta-lactamine anti-pseudomonas et d’un aminoside. De 1997 à 2003, c’était l’association pipéracilline gentamicine qui était utilisée, associée à partir de 2003 au tazobactam. L’induction était faite par vincristine, L-asparaginase et un corticoïde plus, selon les cas, daunomycine.


Parmi les 425 patients inclus, des antibiotiques (AB) à large spectre ont été administrés pour un épisode fébrile dans 345 (81 %) cas. Pendant l’induction, 83 patients (19,5 %) ont eu une infection documentée au cours de 85 épisodes. 65 de ces infections étaient dues à des bactéries dont staphylocoques coagulase w22; (11/85), streptocoques (11), staphylocoques dorés (10), colibacilles (6), pseudomonas (6). Les autres infections étaient virales (15/85) et fongiques (5). Les germes ont été isolés dans le sang (48/85), l’urine (7), les selles (7) et les voies respiratoires (4).


Durant l’induction, 353 enfants (83 %) étaient fébriles, 72 apyrétiques. Cependant, certains enfants ont eu une infection documentée cliniquement ou biologiquement en l’absence de fièvre. Au total sur 368 suspicions d’infection : 36 avaient une infection étiquetée, 37 une infection cliniquement documentée et 293 (79,6 %) une fièvre d’origine inconnue. Seuls 57 (13,4 %) n’ont eu ni fièvre ni infection. Après arrêt des antibiotiques, 87/345 (25 %) enfants ont eu une récidive de la fièvre, par infection identifiée 36 fois ; 82 ont été remis sous AB. Parmi les 425 patients initiaux, 13 ont eu un tableau infectieux sévère nécessitant le séjour en réanimation 8 fois ; 6 fois, le cathéter a du être enlevé. Trois enfants sont décédés d’infection : 1 par Candida, 1 par Bacillus cereus et un 3ème par germe non identifié.


Le risque d’infection étiquetée était augmenté par un facteur préexistant comme la trisomie 21 (OR 3,63 p=0,01) ou une neutropénie préexistante (OR : 1,86 p=0,03). Les facteurs de risque de rechute de la fièvre étaient l’induction avec 4 médicaments, la neutropénie lors de l’infection initiale, et l’absence de récupération médullaire à l’arrêt des AB.

Au total, prés de 20 % des enfants avec une LAL ont une infection documentée lors de l’induction.



Pr jean-Jacques Baudon, JIM

Afzal S et coll. : Risk factors for infection-related outcomes during induction therapy for childhood acute lymphoblastic leukemia. Pediatr Infect Dis J., 2009;28:1064-68