Comment éviter d'avoir un accident vasculaire cérébral
Publié par hammar le Mai 04 2010 08:08:43
Un plan national d'action contre l'AVC, première cause de handicap acquis chez l'adulte, a été lancé par la ministre de la Santé.

Mme X, âgée de 70 ans, traitée pour hypertension de longue date, regardait la télévision un soir lorsqu'elle s'est écroulée sous les yeux de son mari, victime d'une paralysie du côté droit du corps. Son époux l'a aidée à s'allonger et a attendu plus de deux heures dans l'espoir que ça s'arrange avant d'appeler les secours. Erreur. Il était trop tard lorsqu'elle est arrivée à l'hôpital pour une thrombolyse en urgence quand l'IRM a montré une ischémie cérébrale. Six mois après, elle est hémiplégique et aphasique, c'est-à-dire qu'elle ne peut plus ni marcher ni parler.

Des histoires dramatiques comme celle-ci, les neurologues en voient tous les jours. Avec une certaine tristesse. Car l'accident vasculaire cérébral (AVC) n'est pas une fatalité. Il a beau toucher chaque année 130 000 personnes en France, représenter la troisième cause de mortalité pour l'homme, la deuxième pour la femme, la première cause de handicap acquis de l'adulte, la deuxième cause de démence après la maladie d'Alzheimer, il reste incroyablement méconnu des Français. Une méconnaissance d'autant plus dommageable que des stratégies de prévention et de traitement existent.

C'est tout l'enjeu du plan national d'actions contre les AVC présenté la semaine dernière par Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, et qui mobilisera près de 134 millions d'euros entre 2010-2014. Avec plusieurs objectifs : inciter la population à prévenir, dépister et traiter les facteurs de risques qui favorisent l'AVC, et réduire le risque de séquelles en apprenant à agir vite face aux premiers symptômes.

L'AVC se traduit par l'apparition brutale de déficits liés à l'arrêt de l'irrigation sanguine d'un territoire du cerveau. Plus de 80 % de ces accidents sont d'origine ischémique : un vaisseau s'obture (sous l'effet d'une plaque d'athérome, comme dans l'infarctus). Près de 20 % sont d'origine hémorragique, un vaisseau sanguin éclate. L'interruption du transport du sang vers une partie du cerveau provoque une dégénérescence de la zone concernée si rien n'est entrepris en urgence, avec dans quelques cas une récupération spontanée difficile à prévoir.

«La meilleure manière de se prémunir de l'accident vasculaire cérébral, c'est d'abaisser la tension artérielle au-dessous de 140/90 millimètres de mercure et au-dessous de 130/80 pour les diabétiques, explique le professeur Pierre Amarenco, chef de service de neurologie et du centre d'accueil et de traitement de l'attaque cérébrale (hôpital Bichat, Paris). Chaque fois que l'on réduit la tension de 10 millimètres de mercure, on baisse de 20 % le risque d'AVC.» De même, le traitement par des statines diminue le risque de 50 % chez des diabétiques ou chez des personnes ayant un taux élevé ou même intermédiaire de cholestérol. L'exercice physique, l'alimentation sans excès de sel, de sucres, de graisses, le fait de ne pas fumer, sont des facteurs protecteurs.

La survenue brutale d'une faiblesse d'un côté du corps, des difficultés soudaines d'élocution ou de compréhension, des perturbations de la vision ou l'absence de sensation doivent alerter. Dès les premiers symptômes, il faut appeler le 15 en urgence pour être conduit vers un service spécialisé. Chaque minute compte.

Lorsque l'AVC est d'origine ischémique, un traitement pour dissoudre le caillot (thrombolyse) peut être administré, mais seulement dans les trois heures suivant les premiers symptômes. «Des études récentes montrent qu'on peut aller jusqu'à 4 h 30, mais plus le délai est long, moins le traitement est efficace, assure le professeur Hugues Chabriat (chef de service de neurologie, hôpital Lariboisière, Paris). Il faut apprendre à la population à reconnaître les signes de l'AVC pour qu'elle puisse mieux accéder aux traitements en urgence.» Actuellement, environ 1 % des patients bénéficient d'une thrombolyse (qui réduit de 40 % le handicap), alors que 10 % pourraient être concernés.

Le plan prévoit le développement des unités neuro-vasculaires pour atteindre 140 unités d'ici à la fin 2011, contre 87 actuellement. «Si on veut vraiment se donner les moyens de lutter contre l'AVC, la première priorité est d'avoir des IRM (appareils d'imagerie par résonance magnétique nucléaire) dans tous les hôpitaux de France. On pourra faire alors le diagnostic partout et par une console de télémédecine transmettre les images à une unité spécialisée en neuro-vasculaire qui guidera la réalisation de la thrombolyse si nécessaire», ajoute le professeur Amarenco, qui déplore que le plan n'offre pas plus de moyens pour l'imagerie.

D'autres techniques endovasculaires plus sophistiquées contre l'AVC sont en cours d'évaluation, comme la thrombectomie qui vise à éliminer le caillot, avec de premiers résultats spectaculaires. Des médicaments neuroprotecteurs sont aussi en cours d'essais. .lefigaro.fr