Pour une meilleure prise en charge des femmes victimes d’agression sexuelle
Publié par La Pharmacienne le Juillet 11 2010 07:47:49



Partout dans le monde, les agressions sexuelles contre les femmes constituent un important problème social et de santé publique. Leur prévalence est largement sous-estimée étant donné qu’une grande partie des victimes (50 % à 95 %) ne dépose pas plainte. Selon les estimations réalisées aux USA, une femme sur six subirait une agression sexuelle au moins une fois dans sa vie. Aussi bien à court terme qu’à long terme, les victimes d’agressions sexuelles souffrent de conséquences négatives, tant sur leur santé physique et psychologique que sur leur bien-être social. Lorsque les femmes concernées demandent assistance, elles s’adressent généralement aux services de santé, et il est donc essentiel qu’elles puissent y recevoir les soins adéquats. Or le personnel médical, notamment en milieu hospitalier, n’a pas toujours l’expérience de ce type de situation. Une prise en charge médicale adéquate devrait être offerte à toutes les femmes qui se plaignent d’agression sexuelle. Il s’agit notamment du dépistage de maladies sexuellement transmissibles, d’une antibiothérapie prophylactique, d’un test de grossesse, d’une contraception d’urgence et d’un suivi médical et psychologique.


Dans le but d’évaluer la qualité des soins reçus par les femmes agressées sexuellement, un audit sur la prise en charge des plaintes a été effectué dans un hôpital public universitaire en Belgique où de nombreuses patientes dans cette situation sont adressées. Les données médicales rétrospectives concernant 356 femmes admises aux urgences entre Janvier 2002 et Décembre 2007 après une plainte pour agression sexuelle ont fait l’objet de cette étude. L’âge moyen était de 25 ans (15-79 ans). Environ une femme sur 10 était vierge, une sur 100 était enceinte au moment de l’agression et 15,2 % étaient sous traitement antipsychotique. Quatre vingt-deux pour cent des agressions avaient été commises par un seul agresseur et dans deux tiers des cas il y avait eu pénétration vaginale. Quarante pour cent des femmes ont reçu une antibiothérapie prophylactique, 3 % une vaccination contre l’hépatite B, 80 % des femmes âgées de moins de 50 ans et sans contraception une contraception d’urgence. Cependant, 8 % des patientes n’ont pas eu de prélèvement sanguin pour dépister une MST et 38 % n’ont pas eu de prélèvement cervical pour la détection de Chlamydia trachomatis. Dans 84 % des cas, aucune trace de test de grossesse n’a été trouvée. Dix pour cent seulement des femmes ont été suivies en gynécologie, 16 % ont eu une consultation de maladies infectieuses et 11 % ont été vues par un psychologue.


En conclusion, cet audit montre que globalement environ 90 % des femmes agressées sexuellement n’ont pas reçu les soins optimaux. Une amélioration limitée de la prise en charge a été observée après la mise en place d’un protocole en 2006, le taux des patientes bénéficiant des meilleurs soins atteignant désormais 20 % ! Une standardisation de la prise en charge des patientes agressées sexuellement et l’établissement de programmes spécifiques de suivi sont nécessaires pour réduire la morbidité et le mal être psychoaffectif de ces victimes.


Dr Viola Polena, JIM

Gilles C et coll. : Audit on the management of complainants of sexual assault at an emergency department. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol. 2010 Publication avancée en ligne le 6 avril.