Le professeur Graba : «C’est un hommage aux compétences algériennes»
Publié par La Pharmacienne le Février 07 2011 05:58:23
Il a su faire preuve d’un profond engagement et d’un dévouement permanent au service de la médecine. Une carrière unique qui vient de lui valoir tout récemment une haute distinction internationale. Lui, c’est le professeur Abdelaziz Graba, chef du service de chirurgie oncologique au centre Pierre-et-Marie-Curie...
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Il a su faire preuve d’un profond engagement et d’un dévouement permanent au service de la médecine. Une carrière unique qui vient de lui valoir tout récemment une haute distinction internationale. Lui, c’est le professeur Abdelaziz Graba, chef du service de chirurgie oncologique au centre Pierre-et-Marie-Curie, à Alger et président de la Société algérienne de chirurgie. Cet éminent professeur vient d’être admis en tant que membre de l’Académie française de chirurgie. Nous l’avons rencontré lors de la conférence nationale sur la politique de la santé et de la réforme hospitalière qui s’est tenue durant trois jours (du 3 février à hier) au palais des Nations, au Club des Pins. Le professeur Graba s’est dit honoré de recevoir une telle distinction, consécration d’un riche parcours: «C’est une fierté pour la médecine, la chirurgie mais aussi l’université algérienne», a-t-il déclaré : «C’est un honneur qui me motive pour faire toujours mieux, tant que je suis dans ce domaine qui me passionne tant», nous confie-t-il. Un domaine dont il parle avec beaucoup de fierté. Car la volonté d’aller de l’avant ne l’a jamais quitté tout au long de sa brillante carrière. D’ailleurs, le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière n’a pas manqué de rendre hommage aux compétences algériennes.


Lors de l’ouverture des travaux, M. Djamel Ould Abbes avait fait leur éloge, mettant l’accent sur l’admission récente du professeur Graba et de Mohamed Nadjib Bouayad, spécialiste en chirurgie vasculaire du CHU d’Oran, deux professeurs algériens en tant que membres de l’Académie nationale de chirurgie (ANC) de France, «en reconnaissance de leurs travaux scientifiques et de recherches pédagogiques de haut niveau au service de la médecine et du bien-être des malades». Outre les deux Algériens, quatre autres chirurgiens, en l’occurrence un Belge, un Portugais, un Espagnol et un Marocain, ont été admis comme membres de cette académie prestigieuse, indique le professeur Graba. Ould Abbes a reconnu que la priorité est accordée «aux ressources humaines car l’amélioration de la performance du système de santé en dépend».


Une question qui a été à l’ordre du jour des travaux de cette rencontre nationale. Selon le professeur Graba, «il est important de faire le point sur la situation du secteur de la santé et la révision de la loi sanitaire de 1985 afin de mettre en œuvre de nouveaux textes qui s’adaptent aux mutations socio-économiques qu’a connues le pays durant un quart de siècle». «C’est le moment de revoir ce qui a été fait, d’évaluer les budgets, de remédier aux insuffisances», dit-il. «L’Etat consacre 8% du PIB à la santé, ce qui est quand même important ; nous sommes presque au niveau européen», d’après le professeur qui précise que «l’Algérie a réalisé des avancées considérables dans le domaine de la santé (amélioration de l’espérance de vie, de la couverture sanitaire et vaccinale, diminution de la mortalité infantile…).» «Cependant, explique-t-il, il faut reconnaître que des lacunes subsistent et qui font ombre au tableau.» «Malgré les efforts d’investissements, la situation est telle qu’aujourd’hui l’Etat reconnaît qu’il n’est pas satisfait du système de santé alors que, de leur côté, des malades réclament de meilleures prestations de soins.» Pour notre spécialiste, «ce qui manque chez nous, c’est l’humanisation de l’accueil, le soutien psychologique pour accompagner les malades. Il est temps d’apporter les solutions adéquates, de réorganiser le secteur, d’où l’importance d’un débat national qui regroupe les différents acteurs et représentants du secteur de la santé», dit-il.


S’agissant de la promotion du don d’organes et de la transplantation hépatique (greffe du foie) que lui-même réalise au CPMC, le professeur Graba a plaidé pour la création de l’agence de greffes pour mieux organiser l’activité de greffe. «Les pouvoirs publics ont annoncé la mise sur pied prochaine de cette structure», a-t-il souligné. Ce spécialiste estime toutefois qu’il faudrait aussi assurer un environnement adéquat et réunir toutes les conditions nécessaires comme la création de registres de malades. Il a estimé que le don d’organes doit être développé dans notre pays, à travers notamment la promotion du prélèvement d’organes à partir de donneurs décédés. Dans ce sens, il a appelé à l’organisation de campagnes de sensibilisation pour convaincre la société de l’intérêt du don d’organes, d’autant que la religion autorise ce type d’opérations qui permettent de sauver des vies et de soulager la souffrance des malades.


Notons par ailleurs que le ministre de la Santé avait annoncé récemment qu’un projet de création d’une académie algérienne des sciences médicales serait prochainement soumis au gouvernement. Ould Abbes avait expliqué que «les professeurs Graba et Bouayad ainsi que les pionniers de la médecine algérienne comme le professeur Pierre Chaulet et d’autres seront les fondateurs de cette académie». Parmi les missions assignées à cette institution, «la recherche et la formation en médecine». Cette académie qui devrait être ouverte à toutes les compétences nationales constituera assurément une motivation supplémentaire pour les spécialistes algériens. Ces derniers estiment nécessaire de mettre en place une politique nationale pour orienter les ressources humaines et matérielles du secteur. «L’élément humain» doit, selon les spécialistes algériens et les personnels de la santé, avoir une place «privilégiée» dans le nouveau plan de santé 2011-2030 annoncé par Ould Abbes. «Il est impératif d’ouvrir de larges perspectives d’évolution professionnelle pour les motiver et les inciter à travailler dans le secteur public.»



A propos de l’Académie de chirurgie de France

L’Académie nationale de chirurgie de France (ANC) est considérée comme la plus ancienne institution chirurgicale de ce pays. Fondée en 1731, elle est composée de 500 membres titulaires et associés, d’honoraires et d’étrangers qui représentent les différentes spécialités chirurgicales. Cette instance, qui participe à la formation continue de ses membres, est aussi destinée à faire connaître les progrès de la chirurgie. Elle s’occupe également des aspects économique, juridique et éthique de l’acte chirurgical. L’ANC, qui organise aussi des débats sur les problèmes de santé publique, sur la responsabilité du chirurgien et sur la réforme hospitalière, reste une référence pour les chirurgiens mais aussi pour les magistrats, les experts et les pouvoirs publics. Elle œuvre, d’autre part, au perfectionnement et à la diffusion des sciences médicales et pharmaceutiques, ainsi qu’à leur application et à promouvoir la recherche médicale. Elle a une mission de magistère moral, de garant de l’éthique chirurgicale et d’évaluation de la chirurgie. Des professeurs algériens avaient déjà été admis pour la première fois comme membres de l’Académie française. Il s’agit des professeurs Mustapha Kaddari, chef du service de pédiatrie au CHU de Mustapha Pacha, de Amar Hammad, chef de service de chirurgie générale au même CHU, et de M. Meradi, de l’établissement hospitalier de Kouba.


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