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Des anticorps toujours efficaces contre le virus de la grippe espagnole |
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| WASHINGTON - Près d'un siècle après l'extinction de l'épidémie de grippe espagnole qui a décimé l'Europe en 1918, faisant environ 50 millions de morts à l'échelle mondiale, des anticorps encore efficaces contre le virus ont été retrouvés dans le sang de personnes témoins du fléau, selon une étude américaine qui témoigne de l'extraordinaire longévité de notre système immunitaire.
Le résultat de cette étude publiée sur le site en ligne de la revue scientifique "Nature" n'alarme pas outre mesure les experts. A leurs yeux, il n'existe aucune urgence à mettre au point un vaccin contre un virus rendu inoffesif par de nombreuses mutations. En revanche, ils notent que ces travaux confirment les théories selon lesquelles notre système immunitaire a une mémoire phénoménale.
"C'est incroyable. Le Seigneur nous a dotés d'anticorps tout au long de notre vie", commente le Dr Eric Altschuler, co-auteur de l'étude et chercheur à l'université de médecine du New Jersey. "Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort", souligne-t-il.
Dans le domaine des anticorps humains, il s'agit de la durée de vie la plus longue, observe le premier auteur de l'étude, le Dr James Crowe, professeur de microbiologie et d'immunologie au centre médical de l'Université Vanderbilt, à Nashville (Tennessee).
Les scientifiques ont analysé le sang de 32 personnes âgées de 92 à 102 ans, toutes exposées au virus de la grippe espagnole de 1918. Des anticorps ont non seulement été retrouvés dans le sang de chacun des échantillons sanguins, mais, une fois réinjectés à des souris sous forme de vaccin, ils ont permis aux rongeurs mis en contact avec le virus grippal mortel de rester en vie.
Ces anticorps ne sont pas seulement vivants, ils ont énormément muté et sont maintenant reliés de façon plus solide que d'autres anticorps aux cellules des maladies. Ce qui les rend plus efficaces, ajoute James Crowe. Il espère pouvoir utiliser des techniques similaires pour renforcer les pouvoirs de vaccins contre les nouvelles souches de virus aviaire qui menacent de devenir épidémiques.
Quand les scientifiques ont testé les anticorps provenant des survivants sur des souris infectées, ils l'ont fait dans un laboratoire de biosécurité des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) d'Atlanta (Géorgie).
L'idée a surgi à la suite de la diffusion d'un épisode de la série télévisée "Medical Investigation", explique le Dr Altschuler. Une ville était infectée par le virus de 1918 et les médecins traitaient les habitants avec du sang donné à contrecoeur par un vieux maître d'hôtel survivant de l'épidémie. C'est ce qui a conduit ce scientifique à rechercher des anticorps chez les gens âgés de plus de 90 ans.
Les Instituts nationaux de santé (NIH), qui ont financé la plus grande partie de l'étude, ont mis le Dr Altschuler en relation avec des experts de ce domaine. Il a ainsi trouvé des donneurs d'anticorps quasi centenaires.
Le résultat de cette étude est logique, estime le Dr Antony Fauci, directeur de l'Institut national pour les allergies et les maladies infectieuses, à Bethesda (Maryland), qui rappelle que des travaux récents tendaient déjà à prouver que le système immunitaire humain peut durer de nombreuses décennies. AP
Nature: http://www.nature.com/nature |
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