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Développement cognitif des bébés réanimés : à surveiller de plus près ! |
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Les bébés à terme, réanimés à la naissance, ont un risque accru de QI bas huit ans plus tard, même quand ils semblent avoir récupéré dans l’immédiat. Telle est la conclusion d’une étude de cohorte qui a pris les manœuvres de réanimation en salle de naissance (ventilation et/ou massage cardiaque externe) comme marqueurs de souffrance fœtale (1).
Cette étude ne concerne que les enfants d’au moins 36 semaines de la cohorte ALSPAC*, c’est-à-dire des singletons nés à terme ou presque, en 1991-1992, en Angleterre,
Les enfants réanimés ont été divisés en deux groupes selon qu’ils avaient présenté des signes d’encéphalopathie hypoxique-ischémique (58 Réa avec EHI) ou pas (815 Réa sans EHI) après réanimation. Les enfants non réanimés et asymptomatiques (10 609) ont formé le 3ème groupe, servant de témoin.
Le QI a été déterminé à 8 ans avec le WISC-III**, et il a été considéré comme bas quand il était <80 (au lieu de <70 habituellement).
Les enfants réanimés avaient un poids de naissance et un score d’Apgar moyens inférieurs à ceux des témoins. Leurs mères étaient moins instruites ; elles avaient été plus souvent fébriles et césarisées. Tous ces facteurs de confusion potentiels ont été pris en compte dans l’analyse des résultats.
Seulement la moitié des sujets (n=5 953) a passé un WISC-III, à l’âge moyen de 8,6 ans.
Il existait des différences significatives entre les valeurs moyennes du QI global et du QI de performance des trois groupes, mais pas entre celles du QI verbal.
Le risque absolu de QI bas (<80) était de 6,5 % dans le groupe témoin, 9,8 % dans le groupe « Réa sans EHI », et 23,1 % dans le groupe « Réa avec EHI ».
Par rapport aux enfants du groupe témoin, les enfants réanimés avaient un risque accru de QI bas. Le risque était augmenté de 65 % quand ils n’avaient pas présenté de signes d’EHI (Odds Ratio ajusté=1,65 ; IC 95 % : 1,13-2,43), et multiplié par 6 quand ils avaient présenté une EHI (ORa=6,22 ; IC 95 % : 1,57-24,65).
Etant donné que les enfants qui ont récupéré après réanimation sont plus nombreux dans le groupe sans EHI que dans celui avec EHI, le pourcentage de risque attribuable à la réanimation néonatale parmi les retards mentaux avec QI <80 à 8 ans est plus élevé sans EHI qu’avec EHI (3,4 % versus 1,2 %).
Un résultat est discordant : quand le QI est traité comme un nombre au lieu d’une variable à deux classes (QI bas/ QI normal), les scores de QI du groupe « Réa sans EHI » sont inférieurs à ceux du groupe témoin, mais les différences ne sont pas significatives.
En mettant la limite du QI bas à 70 au lieu de 80, on obtient des résultats similaires.
Les retards mentaux ne sont pas l’apanage des réanimations compliquées d’EHI. Une réanimation en salle de naissance suivie d’une récupération clinique comporte aussi un risque accru de QI <80 à 8 ans.
Comme la souffrance fœtale présente une gradation (théorie du « continuum of reproductive casualty »), on peut imaginer qu’à un faible degré, les lésions cérébrales ne se traduisent pas par des troubles neurologiques en période néonatale et se révèlent par des troubles cognitifs à l’âge scolaire.
L’éditorial de M Hack et E Stork relève deux points faibles dans cette étude : les manœuvres de réanimation ne sont pas un marqueur fiable de la souffrance fœtale et la moitié de l’effectif de la cohorte n’a pas passé le WISC- III (2). Nous avons aussi signalé un résultat discordant, qui n’est pas expliqué par les auteurs.
Pour la pratique, on retiendra que cette étude incite à surveiller de plus près le développement psychomoteur des enfants à terme, réanimés, qui n’ont pas fait d’EHI.
* Avon Longitudinal Study of Parents And Children. ** Wechsler Intelligence Scale for Children.
Dr Jean-Marc Retbi
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