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Di-Antalvic : un retrait qui inquiète |
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L'Agence européenne du médicament a décidé d'interdire ce médicament antidouleur couramment utilisé. Opposée à cette décision, la France cherche des solutions dérogatoires.
Par quoi les huit millions de Français consommateurs réguliers de Di-Antalvic ou autre Propofan vont-ils remplacer ces antalgiques ? C'est la question concrète qui préoccupe désormais les autorités sanitaires de l'Hexagone. L'agence européenne du médicament (EMEA) vient en effet, contre l'avis de la France, de recommander le retrait des produits à base de dextropropoxyphène, ou DXP. Selon l'EMEA, les risques de ces dérivés morphiniques et en particulier celui de surdosage mortel, volontaire ou plus rarement accidentel, seraient supérieurs à leurs bénéfices. Si la commission européenne suit l'avis de l'EMEA, ce qui est généralement le cas, le Di-Antalvic et la trentaine de spécialités à base de DXP disparaîtront inéluctablement des pharmacies européennes dans un délai de douze à quinze mois. Or, en France, ces médicaments représentent un volume de vente considérable : environ 70 millions de boîtes par an.
Ces antalgiques de niveau 2, souvent associés à du paracétamol, sont largement utilisés pour traiter des douleurs aiguës (dentaires ou postopératoires par exemple) et pour soulager des douleurs chroniques, en particulier chez les personnes âgées. «Nous allons profiter de ces quelques mois de délai pour discuter avec les prescripteurs, les sociétés savantes et les patients afin de proposer de nouvelles recommandations pour la prise en charge des douleurs», assure Jean Marimbert, directeur général de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps).
Codéine ou tramadol
En pratique, une partie des prescriptions de Di-Antalvic pourra être remplacée par des antalgiques de niveau 1, «paracétamol à dose efficace, c'est-à-dire un gramme par prise, aspirine ou anti-inflammatoire non stéroïdien comme l'ibuprofène», précise le Pr Philippe Lechat, pharmacologue et coordonnateur pour l'Afssaps de ce dossier. Si nécessaire, un autre antalgique de niveau 2, codéine ou tramadol, pourra être proposé. Mais quid des malades qui ne sont pas soulagés par ces molécules ou ne les supportent pas ? «Nous réfléchissons à une procédure dérogatoire pour qu'ils puissent continuer à prendre du dextropropoxyphène», assure Jean Marimbert.
Le directeur de l'Afssaps, qui souligne que la France s'est opposée jusqu'au bout au retrait du DXP, s'inquiète. «S'il y a un transfert important des prescriptions vers le tramadol, le bilan pourrait être négatif pour la santé publique», prévient-il. Selon les enquêtes françaises de pharmacovigilance, la toxicité du tramadol est supérieure à celle du DXP et de la codéine.
«C'est la première fois qu'une molécule est retirée du marché pour une toxicité survenant en dehors des conditions normales d'utilisation, relève le Pr Lechat. De plus, contrairement au Royaume-Uni et à la Suède où le DXP était responsable de centaines de cas de surdosages mortels par an, il ne représente que 2 % des décès par intoxication médicamenteuse en France. Pour nous, le rapport bénéfice risque reste favorable.
lefigaro
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