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Polémique sur une insuline qui favoriserait des cancers |
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Le médicament visé est la Lantus de Sanofi-Aventis. Mais la majorité des spécialistes dénoncent la faiblesse des études européennes accréditant ce risque.
Quatre études sorties la semaine dernière indiquent que la Lantus, une insuline autorisée en Europe depuis 2000 dans le traitement contre le diabète, pourrait être à l'origine d'une augmentation de cancers. Ces études réalisées en Allemagne, en Suède et en Écosse ont été publiées par l'Association européenne d'études sur le diabète (EASD) et la revue Diabetologia.
Elles sont téléchargeables gratuitement sur le site de l'association et de la revue. Dès lundi soir, l'Agence française du médicament (Afssaps) et l'agence européenne (EMEA) se montraient rassurantes et recommandaient aux patients de ne pas interrompre la Lantus. Une décision partagée par l'immense majorité des diabétologues.
Les deux éditorialistes chargés de présenter ces travaux sont eux-mêmes très prudents, voire même embarrassés dans leurs commentaires. Les risques pointés par ces études sont, selon eux, minimes et difficiles à interpréter. Ils conseillent eux aussi aux diabétiques qui utilisent la Lantus de continuer leurs injections quotidiennes et estiment que de nouvelles recherches doivent être menées afin d'y voir plus clair.
«Ces études ne sont pas vraiment sérieuses», estime de son côté le Pr André Grimaldi, chef du service de diabétologie à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. «Elles ne justifient même pas une alerte.»
Ulf Smith et Edwin Gale révèlent, par exemple, que trois des six experts chargés d'examiner l'étude allemande ont conseillé de ne pas la publier, compte tenu de ses faiblesses. Incluant près de 130 000 diabétiques, elle est basée sur des registres d'assurances qui ne contiennent aucune indication sur la nature du cancer, ni sur le poids, ni sur l'âge des patients, ni sur la durée d'utilisation de la Lantus.
Les chercheurs allemands notent que le risque serait plus grand chez ceux qui prennent des doses de Lantus plus importantes. L'étude suédoise pointe un risque de cancer du sein accru chez les femmes, mais non significatif.
L'étude écossaise incluant pas loin de 4 000 patients, ne trouve pas d'augmentation globale de cancers chez les diabétiques utilisant la Lantus. Les chercheurs écossais relèvent toutefois un taux plus élevé chez ceux qui utilisent cette insuline seule que chez ceux qui la combinent avec d'autres insulines. Autrement dit, le risque de cancer serait plus élevé chez les patients souffrant de diabète de type 2, une affection liée à l'obésité, à la sédentarité et au vieillissement. Une observation qui n'a rien d'étonnant. Il serait plus faible, en revanche, chez ceux qui souffrent de diabète de type 1, une maladie auto-immune due à la destruction totale des cellules du pancréas sécrétant l'insuline.
Bénéfice considérable
Cette polémique injustifiée est sans doute liée à la promotion excessive de la Lantus pour le traitement du diabète de type 2. Le laboratoire Sanofi-Aventis, qui la fabrique, cherche, en effet, par tous les moyens à ce que son utilisation ne soit pas limitée au diabète de type 1 où elle a apporté un bénéfice considérable. «La mise au point de la Lantus est une avancée majeure pour le traitement du diabète de type 1», répète volontiers le Dr Hervé Leblanc, diabétologue à l'hôpital Saint-Louis (Paris).
L'immense majorité des diabétologues et des diabétiques de type 1 partagent d'ailleurs cette analyse. En effet, en délivrant à l'organisme une dose d'insuline continue sur une période de 24 heures, la Lantus permet de mieux équilibrer le diabète quand elle est associée à une insuline rapide injectée avant chacun des trois repas. Son action étalée dans le temps permet de lisser les profils des glycémies et d'éviter les hypoglycémies dans la nuit, mieux que toutes les autres insulines.
«Pour le diabète de type 2, la Lantus ne présente pas de bénéfices réels par rapport aux autres insulines», souligne en revanche le Pr André Grimaldi. Or, comme elle est beaucoup plus chère que les autres insulines, sa prescription systématique pour les diabètes de type 2 apparaît d'autant plus contestable. Un point faible que les laboratoires concurrents ne manquent pas d'attaquer avec l'appui implicite des spécialistes et de certains experts de santé publique.
Le figaro
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