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Prostate : vers des traitements moins agressifs |
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Plusieurs nouvelles stratégies, en cours d'essais, pourraient éviter les séquelles des traitements classiques. Elles consistent à détruire les foyers cancéreux par ultrasons, par le froid ou par la lumière.
C'est une troisième voie qui est en train de s'ouvrir pour les hommes atteints de cancer de la prostate. Des nouveaux traitements, locaux et peu agressifs, obtiennent des résultats encourageants, selon des études présentées la semaine dernière à Paris lors d'un symposium international (1). Actuellement, les patients ont deux options, en fonction du stade d'évolution de leur tumeur, de leur âge et de leurs préférences. Ils peuvent faire l'objet d'une surveillance active, pas toujours bien vécue psychologiquement ; ou d'un traitement actif visant à les guérir (chirurgie, radiothérapie…), avec un risque non négligeable de séquelles urinaires et/ou sexuelles. La troisième voie, encore en expérimentation, est celle d'un traitement partiel de la glande, limité à la partie tumorale (thérapie focale).
Parmi les cancers dépistés - désormais plus de 70 000 par an en France -, à peine la moitié sont opérés. Avec l'augmentation constante du dépistage par PSA, qui fait toujours débat, les urologues sont de plus en plus souvent confrontés à de petites tumeurs, localisées et peu évolutives. C'est à ces patients que pourraient être proposées les thérapies focales. Elles visent à détruire les foyers cancéreux par ultrasons - précisément ultrasons focalisés de haute énergie (voir nos éditions du 15 septembre 2009), par le froid (cryothérapie) ou encore par la lumière agissant sur un agent photosensibilisateur (photothérapie dynamique).
Mise au point par des chercheurs de l'institut Weizmann en Israël, cette dernière technique, développée par la société Stebabiotech, a pour particularité de détruire les vaisseaux qui alimentent la tumeur. Une molécule photosensibilisante (un dérivé de la chlorophylle nommé Tookad) est injectée en intraveineux dans l'organisme, puis on l'éclaire par une fibre laser placée uniquement dans la zone cancéreuse. Ainsi activé par la lumière - d'une longueur d'onde très précise -, le produit génère des molécules instables dérivées de l'oxygène, qui vont thromboser les vaisseaux et asphyxier la tumeur en quelques heures.
En pratique, 5 à 10 fibres optiques sont introduites par voie périnéale sous contrôle échographique. L'intervention, sous anesthésie générale légère, dure environ une heure et le patient peut quitter l'hôpital dans la journée. Testée chez une quarantaine de malades avec un cancer de la prostate localisé, cette thérapie vasculaire ciblée a été bien tolérée. Selon des résultats intermédiaires présentés par le Pr Mark Emberton (University College, London), lors du colloque organisé par la firme Stebabiotech, 11 patients sur 18 avaient une biopsie négative - pas de cellules cancéreuses retrouvées - avec six mois de recul. Une efficacité à première vue modeste, mais considérée intéressante par les urologues. Reste surtout à savoir quels seront les résultats à plus long terme, l'effet des thérapeutiques anticancéreuses étant jugé sur le taux sans progression au bout de cinq ans et de survie à plus long terme (15 ans au moins). La firme Stebabiotech prévoit d'ores et déjà un autre essai en 2010 sur plusieurs centaines de personnes en Europe.
Séances répétées
«C'est un traitement simple, qui n'induit pas de séquelles urinaires et sexuelles, et qui présente l'avantage d'être renouvelable», explique le Pr Arnauld Villers, urologue au CHU de Lille, l'un des investigateurs de l'essai clinique. En clair, les séances peuvent être répétées au cours du suivi, en cas de récidive locale ou d'apparition d'un autre foyer dans la prostate. De plus, elle n'empêche pas un traitement total par chirurgie, si la taille de la tumeur le nécessite. Le Pr Villers précise toutefois que si cette stratégie est assez «légère» pour le patient, elle doit s'accompagner d'un suivi relativement invasif : IRM, dosages sanguins du PSA et surtout biopsies de prostate régulières.
«Aujourd'hui, on parvient à identifier les populations avec un cancer de prostate à faible risque, et on pense pouvoir les traiter efficacement par des méthodes focales. Chacune a ses avantages et ses inconvénients», synthétise le Dr Éric Barret de l'Institut mutualiste Montsouris (Paris), qui participe aussi aux études cliniques. «Si les promesses des thérapies focales se confirment, environ 20 % des cancers de la prostate pourraient en bénéficier», prévoit le Pr Pascal Rischmann, président de l'Association française d'urologie. Cette technique originale basée sur un dérivé de la chlorophylle est testée également dans les cancers du poumon et ceux de la vésicule biliaire.
lefigaro
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