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Trisomie 21 : la supplémentation en folates pour améliorer le QI |
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La trisomie 21 ou syndrome de Down est l’une des maladies transmises génétiquement les plus communes. L'un des traits les plus notables de la maladie est le déficit modéré à sévère du développement cognitif associé à des modifications morphologiques particulières, et aussi à un ensemble varié d'autres malformations congénitales comme des cardiopathies.
Insuffisance en folates et retard mental : un lien étroit
L’insuffisance en folates est connue pour être impliquée dans certains troubles neurologiques, psychiatriques et cognitifs, réversibles par apport d’acide folique. Dans la trisomie 21 il y a probablement la concomitance d’une insuffisance en folates et d’un défaut d’utilisation des folates. Plusieurs gènes qui ont un rôle dans le métabolisme des folates sont localisés sur le chromosome 21. La surexpression de ces gènes dans la trisomie 21 est à l’origine d’une cascade de perturbations métaboliques comprenant une insuffisance en folates, méthionine, homocystéine, S-adenosyl méthionine et sérine, et des niveaux élevés de cystéine, cystathionine et ADN méthylé, pouvant rendre compte de la macrocytose, de la glossite et de l’hypersensibilité au méthotrexate de ces patients.
Une étude en double aveugle acide folique versus placebo
Cent treize enfants atteints de trisomie 21, âgés de 3 à 30 mois, ont été inclus et suivis pendant 1 an dans une étude en double aveugle contre placebo, qui avait pour objectif d’évaluer l’effet d’une supplémentation orale de 1mg/kg/j d’acide folinique ( N5-formyl tétrahydrofolate) sur leur développement psychomoteur. L’acide folinique a été préféré à l’acide folique en raison de sa meilleure biodisponibilité. Aux 3 visites de suivi, l’âge de développement psychomoteur était évalué à l’aide de l’échelle de Brunet-Lézine révisée, qui côte la posture, la coordination, le langage et la sociabilité. Sur les 113 patients inclus pour l’analyse en intention de traiter, 87 qui avaient bénéficié d’évaluations réalisées par le même examinateur ont été inclus pour une analyse per protocole.
Un effet bénéfique sur une population ciblée
Les résultats de l’analyse en intention de traiter n’ont pas démontré d’effet bénéfique de la supplémentation en folates (52,1 % de l’âge de développement psychomoteur normal dans le groupe acide folinique vs 51,5 % dans le groupe placebo).
L’analyse per protocole des 87 patients évalués par un même examinateur apporte des résultats différents. Les enfants qui ont reçu de l’acide folinique ont eu une amélioration de leur développement psychomoteur par rapport aux enfants du groupe placebo (53,1 % vs 44,4 % ; p=0,031). Cette analyse a également permis d’identifier plusieurs cofacteurs, dont le traitement de l’insuffisance thyroïdienne. Dans le groupe de supplémentation en folates, les enfants qui recevaient des hormones thyroïdiennes avaient un âge de développement psychomoteur de 59,7 % de la normale versus 40,3 % pour ceux n’en recevant pas (p=0,041).
D’après les auteurs cet effet synergistique entre les 2 traitements peut être expliqué par plusieurs hypothèses non confirmées à ce jour.
Un suivi de ces enfants est prévu à l’âge de 7 ans afin de savoir si l’amélioration du développement psychomoteur se maintient dans le temps. L’interaction folates – thyroxine nécessite également d’autres investigations. En tout état de cause, cette étude suggère que le développement psychomoteur des enfants atteints de trisomie 21 pourrait être amélioré par des traitements qui agissent sur les voies métaboliques et ouvre la voie à d’autres recherches.
Dr Reine Noël, JIM
Blehaut H et coll. : Effect of leucoverin (folinic acid) on the developmental Quotient of children with Down’s syndrome (Trisomy 21) and influence of thyroid status. PloS One 2010; 5(1) : e8394 |
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