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L'impuissance, marqueur du risque cardiaque |
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Les troubles de l'érection devraient être un signal d'alerte du risque vasculaire.
Trop souvent encoare, en médecine, on met sur le compte de la «psychologie», des affections ou des désagréments qui sont en fait révélateurs de pathologies somatiques réelles. L'impuissance n'échappe pas à la règle. Or si les troubles de l'érection peuvent être liés à des problèmes d'ordre psychologique (état de stress, difficultés dans un couple, voire dépression), dans 70% des cas, la cause de l'impuissance serait plutôt à rechercher du côté d'une maladie (notamment diabète, hypertension artérielle, problèmes endocriniens, sclérose en plaques, traumatisme de la moelle épinière). Le tabagisme et l'alcoolisme peuvent également avoir leur part de responsabilité.
Une étude publiée cette semaine dans la revue américaine de cardiologie «Circulation» met l'accent sur le lien encore largement ignoré entre les maladies cardiovasculaires et les difficultés sexuelles. Selon les auteurs, des chercheurs allemands de l'université de Saarland, l'impuissance est un signe prédictif fort du risque d'infarctus. Ce travail réalisé sur 1 529 hommes, tous atteints de maladies cardiovasculaires, a permis de constater que ceux qui étaient impuissants avaient deux fois plus de risques de souffrir d'une crise cardiaque que les autres. Des enquêtes antérieures avaient déjà pointé des causes vasculaires aux troubles sexuels masculins, l'impuissance étant alors liée à un mauvais flux sanguin dans les artères génitales, beaucoup plus petites que les artères coronaires. Dans cette dernière étude, les auteurs conseillent de ne pas traiter séparément les troubles de l'érection des troubles cardiaques. Ils préconisent même aux médecins de ne pas prescrire de médicaments pour l'impuissance sans s'être préalablement penchés sur l'état de santé du cœur de leurs patients.
«La sexualité est un signe de bonne santé générale, estime le Pr Marc Zerbib, urologue à l'hôpital Cochin, à Paris. La santé sexuelle n'est pas seulement signe d'une bonne santé psychologique. Elle est synonyme d'un bon état des vaisseaux et du corps caverneux.» Selon ce spécialiste, un dysfonctionnement érectile chez l'homme de plus de 50 ans constitue indéniablement le signe d'un problème vasculaire et un défaut de maintien de l'érection signe la mauvaise vascularisation du muscle caverneux.
Un sujet tabou
Le problème, c'est que trop souvent chaque médecin s'occupe de sa spécialité et néglige le travail transversal. Le patient est «tronçonné», selon l'expression du Pr Zerbib, et pas vu dans sa globalité. Le cardiologue traite de cardiologie, l'urologue de problèmes urinaires. «L'érection de leurs patients n'est pas la préoccupation principale des cardiologues, observe le Pr Bernard Gattegno, urologue à l'hôpital Tenon, à Paris. Il s'agit d'un problème fonctionnel, de médecine de confort en quelque sorte. Car personne n'est mort d'impuissance !» L'urologue devrait penser à adresser un patient présentant de tels troubles à un cardiologue pour procéder à une recherche de facteurs de risques, à un bilan lipidique et à un électrocardiogramme. A fortiori quand l'impuissance est le seul symptôme inaugural et que le patient ne s'est jamais soumis à un contrôle cardiaque auparavant. «On ne doit jamais penser que l'impuissance c'est de la bagatelle ! martèle le Pr Zerbib. Car outre le risque cardiaque, il faut faire également attention aux autres problèmes vasculaires.»
Bien sûr, il n'est pas question de s'affoler à la moindre «panne». C'est la répétition qui constitue un signe d'alerte. «Évidemment, s'il s'agit d'un homme de 40 ans qui vient de divorcer, qui connaît des difficultés professionnelles ou qui est en dépression, on ne s'orientera pas de ce côté-là», reconnaît le Pr Zerbib.
Les troubles de l'érection, qu'il s'agisse d'une simple «panne» ou de problèmes plus importants, sont fréquents après 50 ans puisqu'ils touchent 30% à 40 % des hommes, et 60% après 70 ans. L'impuissance étant encore considérée comme un sujet tabou, la plupart des hommes qui en souffrent ne consultent pas. Ce symptôme entrant désormais dans un tableau clinique, les mentalités pourront peut-être évoluer.
lefigaro.fr |
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