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L'alcool pourrait nuire à la santé des spermatozoïdes |
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| Les garçons dont la mère a bu pendant la grossesse risquent d'être moins fertiles.
La baisse du nombre de spermatozoïdes constatée chez les hommes, en Europe et aux États-Unis, au cours des dernières décennies pourrait bien être due, au moins en partie, à une exposition à l'alcool in utero.
Dans une étude, publiée récemment dans la revue Human Reproduction, Cecilia Ramlau-Hansen et ses collègues de l'hôpital universitaire d'Aarhus (Danemark) montrent que les hommes dont la mère a bu plus d'un verre par jour pendant la grossesse ont une production de spermatozoïdes réduite d'un tiers, et que des effets sont déjà sensibles à partir de seulement deux verres par semaine, soit 24 grammes d'alcool. C'est la première fois qu'un tel lien est mis en évidence. «Même s'il ne s'agit pour l'instant que d'une simple corrélation, cette nouvelle piste est intéressante», estime le Pr Louis Bujan, de l'université Paul-Sabatier et du CHU de Toulouse. Rappelons que la consommation d'alcool par les femmes enceintes est déjà la première cause non génétique de retard mental chez l'enfant à naître.
C'est en 1992 que deux autres chercheurs danois, Niels Skakkebaek et Elisabeth Carlsen, signalent pour la première fois aux autorités sanitaires de leur pays la baisse constante, depuis plusieurs générations, de la production de spermatozoïdes de leurs compatriotes. Comme on constate au même moment une hausse des anomalies du développement de l'appareil génital masculin et des cancers du testicule, les soupçons s'orientent vers des facteurs environnementaux, notamment l'exposition à certains composés chimiques -les fameux perturbateurs endocriniens.
Le Danemark a très vite été en pointe pour les recherches menées dans ce domaine. Et ce pour plusieurs raisons. À l'époque, le pays était déjà confronté à une baisse sensible de la fertilité de ses couples. Le Danemark détenait en effet le record européen de naissances obtenues par fécondations in vitro (FIV), et c'est d'ailleurs encore le cas actuellement avec un taux proche de 5%, soit le triple qu'en France. Ensuite, la possibilité pour les scientifiques danois de consulter les dossiers médicaux de tous les patients hospitalisés depuis 1977 leur a permis d'effectuer de puissantes études statistiques sur plusieurs générations. Les enquêtes menées auprès des femmes enceintes par l'équipe de Niels Skakkebaek au Rigshospitalet de Copenhague ont d'abord montré l'effet délétère du tabagisme de la mère sur la fertilité des filles, avec un délai pour concevoir doublé si les femmes exposées in utero au tabac étaient également fumeuses. En 2007, Cecilia Ramlau-Hansen et ses collègues signalait une réduction de près de 20% de la concentration en spermatozoïdes des hommes ayant été exposés in utero à la fumée de leur mère. Enfin, une récente étude danoise, portant de manière exceptionnelle sur des embryons humains de moins d'un trimestre issus d'IVG, a révélé un effondrement du stock des cellules reproductrices dans les organes génitaux des deux sexes, du fait de l'exposition au tabac in utero.
Ces effets avérés du tabac -et maintenant suspectés pour l'alcool- sont d'autant plus préoccupants que nombre de femmes continuent de fumer ou de boire occasionnellement durant leur grossesse. En France, une étude de Stéphanie Toutain, de l'université Paris-Descartes, suggérait récemment que beaucoup de femmes sous-estiment encore les dangers d'une consommation ponctuelle d'alcool et relativisent les risques en fonction du type de boisson ou du moment de la grossesse. Selon elle, la mention «Zéro alcool pendant la grossesse» qui figure sur les bouteilles de boissons alcoolisées depuis 2007 ne suffit probablement pas. Cecilia Ramlau-Hansen pense qu'il faut aller plus loin car «même s'il est trop tôt pour établir un lien direct de causalité, notre étude renforce l'idée que l'alcool doit absolument être évité par la femme enceinte, et même par toute femme ayant l'intention de l'être, car lorsqu'elle découvre sa grossesse elle peut déjà porter un embryon de plusieurs semaines».
lefigaro.fr |
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