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FIV : vers une réduction des grossesses gémellaires |
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| Des médecins suédois ont mis au point une technique qui limite les grossesses multiples, dangereuses pour la mère et l'enfant, en cas de fécondation in vitro.
Quand une femme porte deux fœtus ou plus, les risques de complications pour le bébé et la mère - naissance prématurée, hémorragie pendant l'accouchement, diabète de la mère - sont plus fréquents que lorsqu'il n'y a qu'un seul bébé. Or, dans le cadre de conception par fécondation in vitro (FIV), les médecins tendent à implanter plusieurs embryons dans l'utérus de la mère pour augmenter les chances d'aboutir à une naissance, ce qui aboutit souvent à des grossesses gémellaires.
Devant ce problème, des médecins suédois de la clinique Carl Von Linne à Uppsala ont cherché à limiter le nombre de grossesses multiples chez leurs patientes, sans pour autant réduire les chances de succès de l'intervention. Ils affirment y être parvenus grâce à un modèle mathématique qui détermine, en fonction de quatre critères, quelles femmes ne doivent pas se voir implanter plus d'un embryon.
Pour construire l'algorithme, les médecins ont analysé entre 1999 et 2002 3223 transferts d'embryons effectués dans leur clinique d'Uppsala. Ils ont passé au crible 80 critères et découvert les variables permettant de prédire dans une certaine mesure l'issue de la grossesse : la qualité de l'embryon, l'âge de la femme, le nombre d'ovules sous stimulation ovarienne, et les tentatives passées de fécondation in vitro.
Une chute drastique des naissances de jumeaux
Le modèle obtenu a ensuite été testé entre 2004 et 2007 sur 3410 transferts d'embryons. Toute femme ayant plus de 15% de risque d'avoir des jumeaux selon cet algorithme ne se voyait implanter qu'un seul embryon. Près de 8 patientes sur 10 étaient concernées par cette restriction, alors que jusque là, seulement une femme sur dix ne recevait qu'un embryon à la fois. Conséquence : les naissances de jumeaux ont décru de 26% à 1,9%, soit presque la même proportion que pour les femmes concevant naturellement.
Quant au taux de succès - à savoir, si le transfert d'un ou plusieurs embryons débouche sur une grossesse - il n'a que très faiblement baissé. «L'embryon supplémentaire transféré habituellement dans de nombreuses cliniques dans le monde augmente énormément le risque de jumeaux mais n'augmente qu'un petit peu la chance de grossesse», en déduit le Dr Jan Holte.
«Il faut composer avec les souhaits des parents»
Les bénéfices se sont fait sentir. Comme les grossesses gémellaires ont été moins fréquentes sur cette période, on a observé moins d'enfants prématurés. Quant au taux de mortalité du bébé avant, pendant ou peu après la naissance, il a été divisé par deux. Selon le Dr Jan Holte, qui présentait ces résultats lors du congrès European Society for Human Reproduction and Embryology à Stockholm cette semaine, «ces améliorations sont entièrement dues à la réduction des grossesses gémellaires». Le modèle de l'équipe du Dr Jan Holte a depuis été repris dans trois autres cliniques suédoises et une en Italie.
Pour le professeur Paul Barrière, qui dirige le pôle de la Mère et de l'enfant au CHU de Nantes, le modèle de l'équipe suédoise favorise une «bonne réflexion» sur la trop fréquente implantation de plusieurs embryons à la fois. En France, une grossesse sur cinq issues d'une FIV est gémellaire, rappelle-t-il, ce qui est élevé. Mais rien ne permet de dire que le modèle mathématique élaboré par l'équipe suédoise pourrait être appliqué avec le même succès en France, estime-t-il. «La population n'a pas forcément les mêmes caractéristiques chez nous et en Suède. Là-bas, par exemple, on a recours à la FIV bien plus tôt qu'en France. Et puis il faut aussi que les parents acceptent qu'on n'implante qu'un embryon à la fois. Or en France, beaucoup se disent qu'une grossesse gémellaire, même risquée, est préférable à rien», explique-t-il.
Le gynécologue estime pour sa part que le meilleur moyen de réduire la fréquence des jumeaux issus de FIV consiste à détecter de biomarqueurs permettant de repérer les embryons de meilleure qualité, susceptibles de bien se développer. «C'est la direction dans laquelle travaille notre équipe. Mais il faudra sûrement encore 5 à 10 ans avant d'y parvenir», prévoit-il.
Source:lefigaro.fr |
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