Ce réflexe émotionnel libère des molécules neuronales qui sont des antalgiques naturels.
Le rire n'est pas seulement contagieux. Le «vrai» rire, à gorge déployée (et non pas le rire de façade), a depuis longtemps fait ses preuves sur le moral, le bien-être… et la santé. Une nouvelle étude, à la méthodologie «maligne», semble confirmer son importance, en particulier sur la perception de la douleur et surtout sur la façon dont il agit biologiquement.
«Des périodes régulières de rire détournent l'attention de la douleur, améliorent la souplesse musculaire et abaissent la pression artérielle», écrivent par exemple des praticiens hospitaliers suisses. Des chercheurs basés en Grande-Bretagne ont imaginé une série de six expériences, en laboratoire et en extérieur, pour élucider cette biochimie du rire. Dans l'une d'elles, 15 femmes et 20 hommes ont été testés par groupes. Certains regardaient des émissions comiques, d'autres des documentaires. Puis on les soumettait au contact d'une poche glacée conçue pour refroidir le vin (- 16 °C), au maximum pour 3 minutes, ou à un garrot très serré. Résultat, ceux qui avaient regardé du comique se disaient en moyenne 10 % moins en souffrance que les autres (sur une échelle d'évaluation de la douleur). Un test a également été effectué à la sortie de salles de spectacles. Les uns assistaient à un spectacle humoristique, les autres à une pièce dramatique. Puis on les soumettait à une tâche pénible (simuler la position assise le dos à un mur comme s'il y avait une chaise). Ceux qui avaient ri étaient plus «résistants» que les autres.
Production d'endorphines
Les chercheurs ont aussi fait un lien, il est vrai indirect, entre le niveau d'endorphines dans le cerveau, surtout de bêta-endorphines connues pour être des antalgiques naturels, avec le fait de rire et le niveau de sensation de la douleur. Conclusion générale, un quart d'heure de «vrai» rire augmente notre seuil de tolérance à la douleur de 10 %. Le rire serait donc à l'origine de la production d'endorphines. Un effet biologique qui dépasse ses autres effets connus, comme la décontraction musculaire ou la socialisation.
Voilà qui va conforter les membres d'associations comme Le Rire Médecin, Nez rouges et blouses blanches, qui œuvrent pour la distraction mais aussi pour le bien-être de malades hospitalisés, les enfants en premier lieu. Alors soyons un peu sérieux avec la douleur, rions et faisons rire.
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