Recevoir une vaporisation nasale d'insuline a amélioré la mémoire a court terme de patients et la progression de la maladie a été stoppée pendant six mois.
Ce pourrait être une piste prometteuse contre une maladie qui aujourd'hui ne peut toujours pas être guérie, mais seulement ralentie par de rares traitements peu efficaces : recevoir une vaporisation nasale d'insuline a amélioré la mémoire a court terme de patients et la progression de la maladie a été stoppée pendant six mois. « C'est sérieux au point que nous préparons une étude sur la prévention de la maladie d'Alzheimer », explique le généticien Jude Poirier, de l'Université canadienne McGill. « Si on arrivait à retarder son apparition de quelques années, le tiers des cas disparaîtraient tout d'un coup. C'est la première fois qu'on peut agir sur la physiologie de la maladie. Les médicaments actuels sont des stimulateurs de mémoire. Ils ne fonctionnent que chez le tiers à la moitié des patients, généralement pour un an ou deux, ou au mieux trois ans. »
L'auteur principal de l'étude américaine, Suzanne Craft de l'Université de Washington, a soumis une centaine de patients d'un hôpital pour vétérans de l'État de Washington, qui ont reçu pendant quatre mois un placebo ou deux doses d'insuline – l'une faible (20 unités) et l'autre doublée – par vaporisateur nasal. Tous les patients souffraient d'alzheimer léger à modérer ou de trouble cognitif léger, un état qui annonce l'alzheimer.
L'insuline à faible dose a permis d'améliorer un test de mémoire à court terme – il fallait écouter une histoire puis la raconter – mais pas la dose plus élevée. Les deux doses d'insuline semblent avoir stoppé la progression de la maladie durant six mois.
Les deux groupes sous insuline ont également montré une amélioration dans les capacités de réflexion générale évaluées par un test utilisé couramment appelé ADAS-cog.
Les résultats sont publiés dans les Archives de Neurologie de cette semaine. Le lien entre l'insuline et l'alzheimer est soupçonné depuis longtemps, parce que les diabétiques ont plus de risque d'en souffrir. L'insuline est impliquée dans l'utilisation du glucose par le cerveau. La première étude clinique montrant les promesses de ce traitement avait été publiée en 2008. On a démontré que l'insuline est présente dans le cerveau et qu'elle y réduit les protéines spécifiques que l'on trouve en niveau particulièrement trop élevé dans la maladie de l'alzheimer. Plusieurs études chez l'animal semblent indiquer que l'insuline donnée par voie nasale, qui agit sur le cerveau, pourrait améliorer les performances de souris diabétiques génétiquement modifiées pour développer la maladie d'Alzheimer.
Ces résultats sont toutefois à prendre avec grande prudence : des spécialistes de la maladie d'Alzheimer signalent que ces résultats devraient être confirmés par des études chez davantage de patients et sur une durée plus longue.
Lesoir.be
|