Une étude montre que 98% des personnes ayant donné un rein à un proche le referaient. L'Agence de la biomédecine veut développer ce geste encore très minoritaire en France.
C'est un geste très fort, qui nécessite une opération chirurgicale lourde. Pourtant, un an après avoir donné un de leur rein à un proche, les volontaires se portent globalement bien, tant physiquement que psychologiquement, et ne regrettent pas leur décision, selon une étude française récente. Un bilan encourageant, qui pousse l'Agence française de la biomédecine à pousser à son développement. «On y va, on y va de manière déterminée», a affirmé la directrice générale de l'organisme Emmanuelle Prada-Bordenave lors d'une conférence de presse vendredi.
La greffe à partir d'un donneur vivant ne représente encore que 10% des greffes de rein en France, même si elle est en progression - elle a augmenté de 27% en 2010, avec 283 greffes sur l'année. Par comparaison, en Norvège, la proportion atteint 37%.
Des femmes d'une cinquantaine d'années
Une étude menée sur 101 personnes par le Pr Serge Briançon du CHU de Nancy et présentée en mai, permet de dresser le portrait type du donneur de rein vivant. Il s'agit majoritairement de femmes (61%), de 53 ans en moyenne, qui font le plus souvent don à un de leurs enfants (31%). Les autres destinataires sont les frères et sœurs (26%), le conjoint (22%) ou un parent (2,5%). Les catégories sociales des volontaires sont très variées.
Côté séquelles, la récupération physique s'avère plus aisée en cas de cœlioscopie, une technique qui ne nécessite qu'une petite incision et qui est choisie dans 60% des cas, par opposition avec la chirurgie ouverte. Quant aux conséquences psychologiques, elles semblent être bien gérées, malgré la relation particulière que le don instaure entre donneur et receveur. Neuf personnes sur dix disent avoir de bonnes, voire d'excellentes relations avec le receveur. Et si 48,5% des donneurs ont l'impression que le receveur se sent redevable, seulement 5% considèrent que ce sentiment est justifié. Enfin, 98,4% des donneurs affirment qu'ils recommenceraient si c'était à refaire.
Complications graves rares
Les spécialistes de l'Agence de la biomédecine insistent néanmoins sur l'attention à porter au donneur, car se départir d'un rein n'a rien d'anodin. L'intervention nécessite en effet une anesthésie générale et une opération, et si le donneur est toujours en bonne santé au moment du prélèvement, le risque qu'il devienne un malade à son tour ne peut être exclu. Les complications graves - phlébite, embolie pulmonaire, problèmes respiratoires, infection de la cicatrice ou infection urinaire - restent toutefois rares (entre 0,3 et 1%) et le risque de décéder des suites de l'opération n'est que de 0,031%, selon une étude parue en 2010 dans le Journal of the American Medical Association. Et si tout se passe bien, le don n'aura pas d'impact sur l'espérance de vie du donneur.
En France, le don du vivant ne peut se faire qu'entre membres du cercle familial proche : parent, frère/sœur, enfant, oncle/tante, cousin germain, grand-parent, conjoint, et, depuis la révision de la loi de bioéthique en 2011, tout proche du malade en mesure de prouver l'existence d'un lien affectif étroit et stable depuis au moins deux ans.
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