Maladie de Minkowski-Chauffard
Publié par osiris le Avril 30 2008 17:28:21
C’est une anémie hémolytique constitutionnelle due à une anomalie au niveau du cytosquelette sous-membranaire et surtout des protéines d’ancrage (ankyrine, spectrine,
protéine 3…). Le GR perd ainsi sa déformabilité, sa souplesse et se lyse facilement au niveau
de la rate. Il y a une augmentation de la perméabilité membranaire, ce qui entraîne un flux
accru d’eau et de sodium dans le GR qui acquiert une forme sphérique = sphérocyte.
Il y a également une perte de la substance de la membrane = déficit fonctionnel.
La transmission est héréditaire, autosomique, dominante à pénétrance variable. Dans 20 à 30% des cas, aucune notion familiale n’est retrouvée.

C’est une anémie hémolytique chronique ponctuée de crises aiguës = crises de
déglobulisation.

I. Circonstances de découverte

- Découverte fortuite, rare, dans les formes modérées
- Découverte dans l’enfance devant des signes d’hémolyse : pâleur, ictère +++,
splénomégalie ++
- Découverte à la naissance devant un ictère à Coombs négatif
- Découverte devant des complications :
o Ulcère des jambes
o Lithiase vésiculaire
o Crise d’hémolyse déclenchée par une infection
o Crise d’érythroblastopénie après une infection au Parvovirus B19
o Carence en folates
- Découverte lors d’une enquête familiale

II. Diagnostic biologique

1. Hématologie

a. NFS-Réticulocytes
Anémie normochrome normocytaire régénérative (variable d’un cas à l’autre).

Rq : la CCMH (! 36%) est à la limite supérieure par rapport à la normale, elle est augmentée
dans les sphérocytes.
Les globules blancs et les plaquettes sont normaux

b. Frottis sanguin

> 10% de sphérocytes = hématies denses dans la région centrale, de plus petit diamètre.
Ces hématies ne sont pas spécifiques car elles sont rencontrées dans d’autres anémies
hémolytiques.
On peut voir des érythroblastes, une myélémie.

c. Résistance aux solutés hypotoniques

On met les hématies dans une série de solutions de NaCl de concentrations décroissantes ; les
sphérocytes hémolysent pour des concentrations de sel plus élevées que les globules rouges
normaux (5,2°/°°)

d. Auto-hémolyse in vitro : pas spécifique

Les hématies du malade sont incubées 48 heures, stérilement sans glucose, hémolysent
anormalement à 37°C (<4% d’hémolyse spontanée ; <1% si ATP ou glucose)
Le glucose corrige en partie cette hémolyse.

e. Test de lyse au glycérol

Milieu de faible résistance osmotique : lyse de plus de 50% des globules rouges en moins de
30 minutes en cas de sphérocytose héréditaire
Plus sensible que la résistance osmotique.

f. Autres examens pouvant être utiles :

Exploration isotopique des GR au Cr51 :
Elle permet généralement de montrer que le lieu de l’hémolyse est essentiellement splénique.
Son principal intérêt : bilan pré-splénectomie.
Déformabilité des hématies à l’Ektacytomètre _ = référence Electrophorèse de l’hémoglobine pour voir plus précisément

g. Myélogramme

Ne sert à rien sauf en absence de régénration ‡ érythroblastopénie

2. Biochimie

Signes d’hémolyse : bilirubine libre _
Haptoglobine _
LDH _
Hémoglobinémie
Potassium _
Hypocholestérolémie

3. Immunologie

Test de Coombs négatif
Recherche d’agglutinines irrégulières négative
Electrophorèse de l’hémoglobine normale

III. Diagnostic différentiel

C’est le diagnostic des anémies hémolytiques ;

1. Extra-corpusculaires

a. D’origine immunologique = AH à test de Coombs positif
- AHAI
- AH immuno allergique
- AH allo immune

b. D’origine non immunologique = AH à test de Coombs négatif
- AH mécanique (schizocytes sur le frottis)
- AH infectieuse
- AH toxique

2. Corpusculaire (en général héréditaire)

a. Maladie de Gilbert

15% de la population

Bilirubine libre Pas de cytolyse hépatique

b. Anomalies enzymatiques

- Déficit en G6PDH
- Déficit en pyruvate kinase (absence de sphérocytes sur le frottis, résistance osmotique
normale, hémolyse après 48 heures augmentée, corrigée par l’ATP et non pas par le
glucose)

c. Hémoglobinopathies

- Anomalie quantitaive d’une chaîne d’hémoglobine = thalassémie
- Anomalie qualitative de synthèse d’une chaîne de globine = drépanocytose
(hémoglobinose S), hémoglobinoses C, D et E
Ë Différence principale avec sphérocytose héréditaire : l’électrophorèse de l’hémoglobine est
anormale dans les 2 cas.

d. Anomalies de la membrane

- Elliptocytose héréditaire
- Acanthocytose héréditaire
- Stomatocytose héréditaire
Ë Différence en observant le frottis.

e. HPN

IV. Traitement et suivi

1. Forme modérée :

Surveillance NFS
Enquête familiale

2. Forme sévère

- Apport de folates pour éviter une carence liée à une activité érythropoïétique importante
de la moelle.
- En cas de crise de déglobulisation, on sera amené à transfuser
Suivi : NFS + réticulocytes (normaux = bonne efficacité du traitement = hémolyse modérée)
Haptoglobine, bilirubine
Infectieux
- Splénectomie
Après 5 ans pour limiter les complications infectieuses
Associée à une vaccination anti-pneumococcique, anti-haemophilus et une antibioprophylaxie
au long cours (pénicilline sur 12-18 mois).
La splénectomie entraînera une augmentation de l’Hb, la présence de corps de Jolly et
d’anneaux de Cabot sur le frottis (attention, ils peuvent être comptés comme plaquettes)
Rq : rechercher l’existence d’une lithiase biliaire (traitement en même temps)
rate accessoire (anomalie anatomique)