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Publié par Medetra le 25-04-2012 16:38
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Baclofène et sevrage alcoolique : le « oui mais » de l’Afssaps
Dans une note publiée mercredi, l’agence du médicament a admis désormais l’usage du baclofène dans le traitement de l’alcoolisme. Mais sa prescription ne devrait pas devenir systématique. L’Afssaps précise que l’utilisation, hors AMM, du baclofène doit être décidée « au cas par cas » par le médecin.

La fin d’un débat, Près de quatre ans après la parution du livre « Le dernier verre » d’Olivier Ameisen (cardiologue souffrant lui-même d’addiction à l’alcool) qui positionnait le baclofène comme un traitement révolutionnaire de l’alcoolodépendance, ce myorelaxant pourrait finalement être prescrit dans le sevrage alcoolique à certaines conditions. Mercredi 25 avril, l’Afssaps a dit oui – elle admet son utilisation hors AMM – mais à certaines condtions.

« Si l’efficacité du baclofène dans la prise en charge de l’alcoolo-dépendance n’est pas encore démontrée à ce jour, de nouvelles données (...) montrent des bénéfices cliniques chez certains patients, » souligne-t-elle. L’agence rappelle, en outre, que, en ce qui concerne l’utilisation hors AMM du baclofène, les données de pharmacovigilance dont on dispose sont « très limitées ». Néanmoins, elles « ne remettent pas en cause la poursuite de ce type de traitement ».

La prise de position de l’Afssaps est donc davantage à interpréter comme une approbation des traitements en cours, et pas comme une incitation à en initier davantage. L’Agence reste en effet prudente et rappelle que «la prise en charge de l’alcoolo-dépendance implique une approche globale par des médecins expérimentés dans le suivi de ce type de patients dépendants». Elle souligne aussi que la prescription du baclofène pour le traitement de l’alcoolodépendance et la décision de prescription du baclofène pour le traitement de l’alcoolodépendance doit être prise « au cas par cas ».

Indiqué pour le traitement des contractures spastiques d’origine neurologique, ou survenant au cours d’affections neurologiques telles que la sclérose en plaques (SEP), cette molécule controversée est de plus en plus fréquemment utilisée pour guérir les patients de l’alcoolisme. Plus de 30 000 personnes prennent déjà du baclofène en France, pour des problèmes d’alcool, hors AMM.

Jusque-là très réservée, l’Afssaps appelle aujourd’hui les professionnels de santé à une « surveillance très active » de l’emploi de ce médicament : « le recours au baclofène doit être considéré au cas par cas et avec une adaptation de la posologie individuelle, afin de garantir dans le temps la dose utile pour chaque patient » précise-t-elle.

Fin mars, une étude préliminaire, publiée dans la revue « Alcohol and Alcoholism » et conduite par un médecin généraliste, le Pr Philippe Jaury de l’Université Paris-Descartes et le Dr Renaud de Beaurepaire du Centre hospitalier Paul-Guiraud de Villejuif, en Val-de-Marne, avait montré l'efficacité du baclofène à de très fortes doses contre la dépendance à l'alcool. Cette étude ouvre la voie à un essai d’efficacité du baclofène, contre placebo, qui débutera prochainement et qui associera des généralistes. Ce sera d’ailleurs la première étude internationale menée en médecine générale et en ambulatoire.

Dr Giulia Gandolfi
Le Généraliste Article du 25/04/2012