Sujet de la discussion : MedeSpace.Net :: Dépistage du cancer de prostate..

Publié par Administrateur le 18-02-2013 11:13
#1

Bonjour,

J'ai lu une étude de l'Université de Warwick en Angleterre. Quel lien peut-il y avoir entre la taille de l’index, de l’annulaire et le cancer de la prostate ?

Des fois on se pose des questions sur les idées de ces designers d'études.. Mais ça peut être vrai aussi.

Les hommes dont l’index de la main droite est plus petit que l’annulaire auraient 33% plus de risques de développer un cancer de la prostate par rapport aux hommes qui ont un index plus grand que l’annulaire. Il faut relever que la majorité des hommes ont un index plus petit que l’annulaire. Les autres ont donc plus de chance au niveau statistique face au cancer de la prostate.

Concernant le dépistage du cancer de la prostate, Mme le Professeur Ros Eeles qui a participé à cette étude, a relevé que cette rapide analyse de la taille de ces deux doigts pourrait venir compléter, en particulier chez les hommes de plus de 60 ans (groupes à risque), les autres techniques de dépistage de ce cancer comme l’historique médical, le test du PSA, le toucher rectal, etc.

La question qui nous occupe est de savoir quel lien il y a entre la taille des doigts et le cancer de la prostate. Et bien il s’agit de la testostérone. En effet selon cette étude anglaise la cause de ces différences entre hommes repose au niveau gestationnel. La taille des doigts est déterminée par le contact avec une concentration élevée ou faible de testostérone dans le ventre de la mère. Une concentration plus faible de cette hormone aboutit à une taille de l’index plus grande que l’annulaire et protégerait donc des années plus tard face au cancer de la prostate. Au contraire une concentration plus élevée de testostérone augmente le risque de développer ce cancer, un des plus fréquents chez l'homme. Voici une explication rationnelle de cette étude assez originale.

Publié par Mourad-Zed le 18-02-2013 17:33
#2

Ça sera difficile de dormir la nuit pour moi!

Publié par Administrateur le 19-02-2013 09:13
#3

Ne vous inquiétez pas.

Il y a des biais dans cette étude. C'est une étude d'observation et elle n'a pas suivie les règles de causalité. La conclusion devait être :
33% des malades ont un annulaire plus grand d'un index.. Mais ça ne veut pas dire forcément que si vous avez un annulaire plus grand que l'index, vous avez 33% de risque de développer le cancer de la prostate.

Il faut faire des analyses statistiques poussées mais surtout de chercher le lien entre le développement de l'annulaire et le cancer.. Ils parlent de la testestérone, donc il faut prouver son rôle dans le développement des doigts et que dans un certaine dose sanguine elle provoque le cancer de la prostate...

Je pense que ça sera difficile de prouver tout ça donc, passer une bonne nuit :-)

Publié par limala le 19-02-2013 17:53
#4

Alors que le dépistage, en excès parfois, par dosage de la PSA a montré ses limites, avec une faible valeur prédictive positive, voilà qu'une étude vient inquiéter des millions d'hommes, qui se diront désormais: "mon petit doigt m'a dit que j'allais en être atteint". C'est pas sérieux, voyons! :)

Publié par hind19 le 04-03-2013 19:41
#5

c interessant mais rien n est prouvé encore quoi que une relation entre la testosterone ,le cancer de la prostate ainsi la taille des doigts existe d'aprés les constatations reste a prouver en tt cas mais c est interessant surtout pour les urologues et les enco si j etai dans leur place je realiserai une etude statistique sur mes propre patients !!!

Publié par M Benatta le 09-03-2013 10:05
#6

Dépistage du cancer de la prostate
Mise au point de l’AFU


2 mars 2013 Dr Patrick COLOBY Président de l’Association Française d’Urologie



« Un médecin ne prescrit pas un dépistage du cancer de la prostate, son patient l'attaque »

« Dans un entretien accordé au « Quotidien », le Dr Leicher évoque la position de l’Association française d’urologie (AFU) qui demeure, selon lui, en faveur du dépistage systématique du cancer de la prostate par dosage PSA. Cette recommandation de l’AFU en date de 2009 reste en effet publiée sur son site Internet. Le Dr Leicher rappelle que l’INCa, la HAS et le Collège de médecine générale sont clairement opposés à un tel dépistage. »

Rappelons que La HAS a conclu dans son communiqué du 4 avril 2012 à l’absence d’intérêt démontré actuel, à l’échelle populationnelle, de la mise en œuvre d’un dépistage systématique organisé dans une population d’hommes considérés comme à haut risque, comme elle l’avait déjà énoncé pour la population générale, du fait notamment, dans la balance bénéfice/risque, du risque de sur-diagnostic et de sur-traitement. [Haute Autorité de Sante. Dépistage du cancer de la prostate chez les populations d’hommes présentant des facteurs de risque. Questions/Réponses 4 avril 2012]

Rappelons que la position de l’Association Française d’Urologie (AFU) n’est pas contradictoire. Elle ne recommande pas le dépistage systématique organisé du cancer de la prostate par dosage du PSA. Elle dit, dans ses recommandations 2010 : « Une détection précoce du cancer de la prostate peut être proposée à titre individuel après information objective, pour ne pas méconnaître et laisser évoluer un éventuel cancer agressif de la prostate » [Salomon L., et al., Recommandations en onco-urologie 2011-0, Cancer de la prostate. Prog Urol, 2010, 20 Suppl, 4, S224].

Elle souligne donc que l’absence d’intérêt démontré d’un dépistage systématique à une échelle populationnelle, - tant en population générale que chez les sujets avec facteurs de risque (FR) - ne dispense pas d’une démarche individuelle de diagnostic précoce, seule à même de diagnostiquer à temps les formes agressives qui nécessitent un traitement actif avec un impact sur la vie des patients [Association Française d'Urologie. Cancer de la prostate et dépistage. 15 mars 2012].

Rappelons que le cancer de la prostate est la 3ème cause de mortalité par cancer chez l’homme avec 8 700 décès en France (projection pour l’année 2011), que la mortalité est en baisse constante depuis 1990 : elle est passée de 17,8/100 000 en 1990 (taux standardisé monde) à 10,8/100 000 en 2011, soit une baisse de 26 % sur toute la période. Compte tenu de l'évolution démographique de la population masculine - donc de l'augmentation de la population exposée au risque - la réduction de la mortalité spécifique en France a été d'au moins 4 % par an les 15 dernières années.

Plusieurs hypothèses peuvent rendre compte de cette baisse de la mortalité alors même que le taux d’incidence a augmenté fortement :

Le développement du dépistage individuel par le PSA qui a permis le diagnostic, à un stade plus précoce donc localisé, des cancers à haut risque, beaucoup plus curables que les stades avancés. Une modélisation a suggéré que plus de 50 % de cette réduction de mortalité est liée au dépistage (réf. Cancer Cases Control 2008;19:175-181). L’évolution concomitante de l’accès à des prises en charge standardisées et à des progrès thérapeutiques y a aussi largement contribué.
L’augmentation de la survie des patients au stade métastatique, grâce aux traitements anti-tumoraux et aux soins de support. En effet, à ce stade, le traitement, même palliatif, entraîne une augmentation de la survie qui, fût-elle modeste, peut accroître la probabilité d’un décès liée à une autre cause que le cancer (compétitive). Cela peut donc diminuer la mortalité spécifique (liée spécifiquement au cancer de la prostate) observée.

Cette dernière hypothèse est cependant peu convaincante dans la mesure où 64 % des décès ont lieu chez les hommes avant 85 ans. Or, il a été observé que depuis 2009, le cancer toutes localisations confondues, était devenu la première cause de mortalité avant cet âge, prenant la place des maladies cardio-vasculaires. (Réf. Projection de l’incidence et de la mortalité par cancer en France en 2011. Rapport technique. Saint-Maurice: Institut de veille sanitaire; 2011. 78 p.).

Rappelons que cette démarche individuelle de diagnostic précoce repose sur :

une information suffisante pour parvenir à une décision éclairée ;
la recherche, par l’interrogatoire de l’existence des FR ;
l’examen clinique de la prostate par un toucher rectal (TR) ;
l’utilisation pertinente du dosage du PSA, à proposer de façon plus précoce en présence de FR, à ne plus proposer quand l’espérance de vie est estimée inférieure à 10 ans en raison de l’âge avancé ou des comorbidités ;
la réalisation de biopsies prostatiques lorsqu’elles sont indiquées, en tenant compte des données du TR et de la valeur du PSA (interprétée selon l’âge, la cinétique, le volume prostatique, les maladies intercurrentes).

Rappelons que la politique actuelle de l’AFU vise un double objectif :

d’une part, ne pas sous-traiter les hommes porteurs d’un CP agressif, ce qui implique de les diagnostiquer précocement pour proposer un traitement offrant les meilleures chances de guérison ;
d’autre part, éviter le diagnostic inutile des CP de faible volume et peu agressifs (diminuer le « sur-diagnostic »), et leur traitement abusif (diminuer le « sur-traitement »). Devant un CP de ce type, on propose au patient une « surveillance active », et il doit être informé de cette possibilité avant la réalisation de la biopsie.

L’AFU souligne aussi l’importance de la discussion en réunion de concertation pluridisciplinaire de chaque cas de CP diagnostiqué.

Pour mettre en œuvre cette politique, l’AFU développe la recherche scientifique, évalue les pratiques, met en place des programmes de formation, et participe aux groupes de travail coopératifs avec l’Institut National du Cancer (INCa) et la HAS.

Le cancer de la prostate et son dépistage est un problème complexe qui ne se résume pas à des positions tranchées « noir ou blanc ». L’AFU n’est pas un syndicat qui cherche à avoir une attitude protectrice catégorielle. Elle est une société savante qui n’a qu’un seul objectif, celui de promouvoir la science urologique au service du patient. L’AFU et les Médecins généralistes doivent travailler ensemble dans cette même voie.

Publié par limala le 09-03-2013 18:07
#7

Merci beaucoup d'avoir apporté ce complément d'informations à travers cet article, cela permet d'écarter toute ambiguïté sur le sujet.

Publié par M Benatta le 09-03-2013 19:17
#8

Le cancer de la prostate et son dépistage est un problème complexe qui ne se résume pas à des positions tranchées « noir ou blanc ».
L’AFU n’est pas un syndicat qui cherche à avoir une attitude protectrice catégorielle. Elle est une société savante qui n’a qu’un seul objectif, celui de promouvoir la science urologique au service du patient.
L’AFU et les Médecins généralistes doivent travailler ensemble dans cette même voie.