L'Afrique, première victime du sida
Publié par hammar le Mars 24 2009 07:39:03
Le continent, qui compte le plus grand nombre de malades infectés par le VIH, paie cher la sous-utilisation du préservatif due, notamment, aux réticences masculines...

Nouvelles étendues

Le continent, qui compte le plus grand nombre de malades infectés par le VIH, paie cher la sous-utilisation du préservatif due, notamment, aux réticences masculines.

Les propos du Pape condamnant le préservatif et surtout estimant qu'il aggrave le risque d'épidémie ont suscité un tollé partout dans le monde. Le préservatif est un des rares moyens de prévention efficace pour lutter contre cette maladie qui fait des ravages en Afrique subsaharienne, où le virus est principalement transmis lors de relations hétérosexuelles. Les autres moyens de prévention, ceux qui sont proposés notamment par le Pape, sont la fidélité et l'abstinence, qui, à l'évidence, sont loin d'avoir une audience universelle.

Pour autant, les freins à l'usage du préservatif sur le continent ne tiennent sans doute pas aux positions de l'Église catholique. De nombreuses enquêtes ont mis en évidence les réticences des hommes dans plusieurs pays d'Afrique à l'utiliser. Et il manque depuis des années une volonté politique des dirigeants africains pour le promouvoir. L'insuffisance d'utilisation du préservatif explique la difficulté à contrôler l'épidémie africaine et est la cause de la surcontamination des femmes.

«On manque de données sur l'usage global du préservatif en Afrique, mais il y a une sous-utilisation majeure qui se traduit par des taux élevés de contamination, soutient le professeur Jean-François Delfraissy (directeur général de l'Agence nationale de recherche sur le sida). Connaissant la situation africaine, je suis très troublé par les propos du Pape, quoique étant médecin catholique.»

Des pays condamnés

Les chiffres du sida en Afrique restent accablants, malgré une récente et modérée régression des contaminations. À l'échelle mondiale, on estime à 33 millions le nombre de personnes infectées par le virus. Le taux de nouvelle contamination seulement pour l'année 2007 est de 2,7 millions. Selon les derniers chiffres d'Onusida, l'agence de l'ONU chargée de surveiller l'épidémie en Afrique subsaharienne, la plupart des épidémies nationales se sont stabilisées ou ont commencé à décliner.

L'Afrique reste cependant la région la plus durement touchée par le VIH et représente 67 % du total des personnes vivant avec le virus et 72 % des décès dus au sida en 2007. Parmi les jeunes Africains, le pourcentage de personnes contaminées tend à être nettement plus élevé chez les femmes que chez les hommes : 60 % des adultes de plus de 15 ans qui vivent avec le VIH sont des femmes. Dans le monde, le nombre d'enfants de moins de 15 ans porteurs du virus est passé de 1,6 million en 2001 à 2 millions en 2007. Près de 90 % d'entre eux vivent en Afrique subsaharienne.

Certains pays comme l'Ouganda, quasiment condamné à être rayé de la carte à cause du sida, ont su mener des campagnes très actives de communication sur la prévention, basées notamment sur le préservatif et qui ont permis de faire régresser l'épidémie qui flambait à la fin des années 1980.

Dans d'autres pays, les campagnes de prévention sont restées insuffisantes, comme en témoignent nombre d'enquêtes publiées au cours des années 2000 et montrant au Mali, en Afrique du Sud ou encore au Cameroun l'étendue de l'ignorance concernant la prévention ou le rejet du préservatif.


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