Une seule gélule contre les maladies cardio-vasculaires
Publié par hammar le Avril 04 2009 19:28:50
Une pilule contenant un anticholestérol, trois médicaments contre la tension et de l'aspirine pourrait réduire de 50 % le risque d'attaques cardiaques et cérébrales...

Nouvelles étendues

Une pilule contenant un anticholestérol, trois médicaments contre la tension et de l'aspirine pourrait réduire de 50 % le risque d'attaques cardiaques et cérébrales.

Une pilule unique pour prévenir les maladies cardio-vasculaires pour tous les plus de 50 ans ? Ce concept évoqué depuis des années commence maintenant à aboutir. Des médecins indiens viennent en effet de publier sur le site Internet de la revue médicale The Lancet les résultats d'un essai réalisé avec une polypill contenant cinq produits actifs contre les maladies cardio-vasculaires.

Ces tests confirment qu'une seule pilule est aussi efficace que la prescription indépendante des cinq médicaments. Les auteurs, qui ont également présenté ces travaux lundi, lors de la conférence annuelle de l'American College of Cardiology à Orlando, en Floride, estiment qu'une telle gélule, prescrite en prévention primaire, pourrait réduire de près de moitié les accidents cardiaques et les attaques cérébrales. D'autres essais restent à mener pour confirmer ces résultats, à plus grande échelle. Les maladies cardio-vasculaires, qui explosent dans les pays en voie de développement, restent une des principales causes de mortalité dans les pays occidentaux, malgré une diminution liée à la meilleure prise en charge des différents facteurs de risque (hypertension, hypercholestérolémie, tabagisme). Cette prévention, basée sur la prise de multiples médicaments, soulève le problème de l'observance, loin d'être correctement respectée. Et qui pourrait être améliorée par une prise unique.

Cet essai thérapeutique - fi­nancé par le laboratoire indien Cadilla Pharmaceuticals - a été conduit en Inde, dans 50 centres médicaux, sur 2 053 participants âgés de 45 à 80 ans n'ayant jamais souffert d'une maladie cardio-vasculaire, mais présentant un seul facteur de risque (hypertension, cholestérol élevé…).

Manque de réponses fines

L'objectif était d'évaluer la tolérance de ce traitement combiné et de déterminer s'il agit sur le risque cardio-vasculaire autant que chacune des molécules prise séparément. L'essai a comparé la polypill à huit autres protocoles thérapeutiques (statine seule, aspirine seule, bêtabloquant seul…) sur la tension artérielle, le taux de cholestérol ou encore le rythme cardiaque. La pilule contient de faibles doses de trois médicaments contre l'hypertension (12,5 milligrammes de thiazide, 50 mg d'atenolol et 5 mg de ramipril) ainsi que 20 mg de simvastatin (un anticholestérol), et 100 mg d'aspirine (pour son effet anticoagulant).

Les résultats ont mis en évidence une réduction du taux de cholestérol quasiment aussi importante chez les personnes traitées par la polypill que chez celles qui avaient pris la statine seule. Même chose pour la tension artérielle relativement à la prise des antihypertenseurs seuls. De son côté, la fluidité sanguine était améliorée aussi bien avec la polypill qu'avec l'aspirine seule. Les effets secondaires ont été les mêmes avec la polypill qu'avec chacun des composants pris séparément. «Nous estimons que la polypill a probablement le potentiel de réduire les maladies cardiaques de 60 % et les attaques cérébrales de 50 %, estime le Dr Salim Yusuf, du Population Health Research Institute de l'Université McMaster (Canada), coauteur de cet essai clinique baptisé TIPS (The Indian Polycap Study). L'idée que les gens pourraient prendre une simple pilule pour réduire les risques cardiaques multiples pourrait révolutionner la prévention des maladies cardio-vasculaires.»

Pour l'instant, cet essai clinique n'a évalué que l'amélioration des constantes biologiques avec ce traitement combiné. Il faut procéder maintenant à de grandes enquêtes pour évaluer l'effet sur l'incidence des maladies et sur la mortalité.

Dans les pays riches, un tel comprimé pourrait simplifier la prévention. «Le concept n'est pas inintéressant, soutient le Pr Nicolas Danchin, de l'hôpital Georges-Pompidou, à Paris. Il reste à dé­montrer qu'il n'y a pas d'effet indésirable à long terme et que cela permet d'améliorer l'observance.» La prévention est un programme de longue haleine. «Le problème de ce kit, c'est qu'il ne répond pas de manière fine aux problèmes précis de chaque personne, explique le docteur Yves Benacin (cardiologue, Paris). Mais c'est peut-être une solution pour les personnes à risque qui ne suivent pas régulièrement leur traitement et, bien sûr, pour les pays en voie de développement.»

Ne pas oublier cependant qu'une alimentation saine et la pratique cinq fois par semaine d'un exercice physique soutenu, réduit, de manière incontestable, le cholestérol, la tension artérielle, la glycémie et renforce le cœur.

lefigaro