Graisse brune et surpoids : une piste à suivre
Publié par Rosette le Mai 02 2009 09:28:21
L'obésité est la conséquence d'un déséquilibre prolongé entre l'apport et la dépense énergétique. Actuellement l'exercice physique est le seul moyen d'augmenter...
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L'obésité est la conséquence d'un déséquilibre prolongé entre l'apport et la dépense énergétique. Actuellement l'exercice physique est le seul moyen d'augmenter la dépense énergétique chez les personnes en surpoids, les doses supraphysiologiques d'hormones thyroïdiennes ou d'agonistes adrénergiques étant délétères.
La graisse brune est une cible physiologique de la modulation de la dépense énergétique. Chez les rongeurs et chez le petit enfant la graisse brune a un rôle de maintien de la température centrale. Les substrats utilisés sont les acides gras libres et le glucose circulants. Les mitochondries de la graisse brune libèrent l'énergie chimique sous forme de chaleur par découplage de la phosphorylation oxydative rendant le processus respiratoire inefficace. Ce phénomène est sous la dépendance de la protéine découplante 1 (UCP 1 pour uncoupling protein 1), elle même régulée par la triodothyronine produite localement à partir de la thyroxine. La stimuation des récepteurs adrénergiques béta 3 est impliquée dans l'activation de cette déiodination locale qui conduit à un état d'hyperthyroïdie tissulaire.
Jusqu'à présent cette voie physiologique était considérée comme négligeable chez l'adulte. Une étude à l'approche expérimentale vient de démontrer le contraire. Cette étude a permis d'analyser la présence, la distribution et l'activité de la graisse brune chez 10 hommes minces et chez 14 hommes en surpoids ou obèses exposés au froid (16° C) ou en température extérieure neutre (22° C). Il s'agissait de volontaires sains âgés de 18 à 32 ans (24 ans en moyenne). La distribution de la graisse brune était déterminée par TEP scan (tomographie à émission de positrons couplée au scanner). La composition corporelle et la dépense énergétique étaient mesurées par absorptiométrie DEXA et par calorimétrie.
Une activité de la graisse brune a été observée chez 23 sujets sur 24 à basse température mais pas en conditions de neutralité thermique. Le seul sujet pour lequel la graisse brune n'était pas détectable avait une obésité massive (IMC = 38,7 kg/m²). L'activité métabolique de la graisse brune était significativement plus faible chez les hommes en surpoids ou obèses que chez les hommes minces (p = 0,007). L'IMC et le pourcentage de graisse corporelle étaient tous deux négativement corrélés à l'activité de la graisse brune. Par contre, le métabolisme de base au repos était corrélé positivement à l'activité de la graisse brune. Cependant contrairement aux résultats attendus, il n'existait pas de corrélation significative entre l'activité de la graisse brune et la thermogenèse induite par le froid. L'étude des interactions entre le métabolisme des muscles squelettiques et celui de la graisse brune devrait permettre de mieux appréhender la régulation de la thermogenèse.
Cette étude confirme la présence de graisse brune métaboliquement active chez plus de 95 % des hommes jeunes. L'activité de la graisse brune est réduite chez les hommes en surpoids et obèses suggérant de nouvelles cibles thérapeutiques potentielles.
Dr Laurence Du Pasquier