Boehringer Ingelheim : l'indépendant affiche de fortes ambitions
Publié par La Pharmacienne le Mai 12 2009 10:33:16
Le laboratoire allemand, qui progresse plus vite que le marché pharmaceutique, affiche une belle croissance en 2008 et de bonnes perspectives pour 2009...

Nouvelles étendues

Le laboratoire allemand, qui progresse plus vite que le marché pharmaceutique, affiche une belle croissance en 2008 et de bonnes perspectives pour 2009. Andreas Barner, le président du directoire et patron de la R&D, entend maintenir le cap.

Le groupe Boehringer Ingelheim annonce, pour 2008, une augmentation de son chiffre d'affaires net, après ajustement monétaire, de + 9,5 % (+ 5,9 % sur une base en euros), à 11,6 milliards d'euros (contre 10,9 milliards d'euros en 2007). Pour la neuvième année consécutive, le laboratoire indépendant allemand atteint ainsi une croissance supérieure à celle du marché pharmaceutique mondial. « Nous avons atteint nos objectifs grâce à la croissance développée par tous nos domaines commerciaux, mais naturellement surtout grâce au succès des innovations apportées par les médicaments de prescription », a commenté Andreas Barner (en photo), président du directoire et responsable de la division de la recherche pharmaceutique, du développement et de la médecine. En tête du hit parade des produits du groupe, la spécialité Spiriva® (indiquée dans la broncho-pneumopathie chronique obstructive ou BPCO) a atteint un CA supérieur à deux milliards d'euros. Les médicaments de prescription, qui contribuent à ce résultat global représentent 79 % du chiffre d'affaires net. Le bénéfice d'exploitation s'élève en 2008 à près de deux milliards d'euros, comparable au résultat avant bénéfices et impôts, malgré un change défavorable. En pourcentage du chiffre d'affaires, il s'élève 17,1 %. Le revenu après impôts, à 1,4 milliard d'euros, conserve son niveau de l'année précédente, en excluant les effets exceptionnels de 2007. Par ailleurs, sur l'année écoulée, Boehringer Ingelheim a de nouveau créé 1 500 emplois (+ 4 %), ce qui porte le nombre total d'employés à l'échelle mondiale à quelque 41 300 collaborateurs. En 2008, Boehringer Ingelheim a également de nouveau accru ses investissements pour l'avenir.

« Le montant que nous avons consacré à la recherche et au développement a augmenté de 200 millions d'euros, soit + 11 % par rapport à l'année précédente », a expliqué Andreas Barner. La R&D du groupe pèse ainsi 22 % du chiffre d'affaires net pour les médicaments de prescription et 2,1 milliards d'euros ont été investis dans ces derniers. « Nous disposons d'un ensemble bien fourni de projets, en particulier un certain nombre de molécules ayant atteint les dernières étapes de leur développement clinique », a déclaré le président du directoire.

L'innovation, moteur de la croissance

Les médicaments de prescription ont, en 2008, représenté quelque 79 % du chiffre d'affaires net total, à 9,1 milliards d'euros, ce qui correspond à une croissance après ajustement monétaire de + 9,3 % (+ 5,2 % sur une base en euros) par rapport à l'année précédente. « Nous sommes particulièrement satisfaits que notre croissance dépasse en 2008 celle du marché pharmaceutique mondial dans les trois principales régions, a commenté Engelbert Tjeenk Willink, responsable de la division marketing pharmaceutique et ventes du bureau des directeurs. Nos produits innovants constituent un excellent potentiel pour l'avenir. » Tous les principaux produits du groupe ont atteint une forte croissance en termes de CA net et ont conforté leurs positions sur le marché. Spiriva®, le traitement des BPCO le plus prescrit à travers le monde, a augmenté son chiffre d'affaires net de plus de 21 % après ajustement monétaire, pour s'établir à 2,1 milliards d'euros. Un chiffre qui inclut la part rétrocédée à Pfizer, co-marketeur au plan mondial du produit, mais sur laquelle le Pr. Barner n'a pas fait de commentaires.

L'antihypertenseur Micardis® a atteint un CA net de 1,2 milliard d'euros (+ 17 % après ajustement monétaire). Le troisième produit du groupe, Flomax®/Alna®, destiné au traitement des symptômes de l'hypertrophie bénigne de la prostate, a généré un chiffre d'affaires net de 1,1 milliard d'euros (+ 12 %). Mirapex®/Sifrol®, l'agoniste dopaminergique le plus prescrit à travers le monde dans le traitement symptomatique de la maladie de Parkinson, et du syndrome des jambes sans repos, a atteint un CA net de 752 millions d'euros (+ 21 %). Enfin, Aggrenox®, destiné à la prévention secondaire des accidents vasculaire cérébraux, a augmenté de + 19 %, à 533 millions d'euros. Le segment des produits OTC a de son côté réalisé un CA net total de 1,2 milliard d'euros. Pour Tjeenk Willink, « le secteur des médicaments sans prescription revêt une importance stratégique essentielle pour Boehringer-Ingelheim, dans la mesure où globalement les systèmes de soins de santé, compte tenu de la tendance au contrôle des coûts, s'orientent de plus en plus vers les médicaments en vente libre ». Enfin, dans la santé animale, pour laquelle Boehringer Ingelheim connaît la croissance la plus forte parmi les 10 principaux laboratoires pharmaceutiques qui opèrent sur ce segment, le groupe a réalisé un CA de 467 millions d'euros, en hausse de + 19, 5 % (+ 14,4 sur une base en euros).

La biopharma mène la barque

L'activité CMO - activités industrielles - du groupe allemand montre également une croissance notable, après ajustement monétaire, de + 12,3 % (+ 10,8 % sur une base en euros), avec un chiffre d'affaires net de 819 millions d'euros, soit 7 % du CA net total de la société. Le secteur biopharmaceutique représente la part la plus importante, avec une augmentation de plus de 2,8 % sur une base en euros du chiffre d'affaires net, à 569 millions d'euros. Boehringer Ingelheim s'affiche ainsi comme une société leader dans le développement et la production de produits biopharmaceutiques.

« Boehringer Ingelheim est la figure de proue technologique du secteur biopharmaceutique, et le groupe dispose d'une expérience de plus de 20 ans dans le développement et la production de substances biopharmaceutiques, a souligné le professeur Wolfram Carius, responsable de la division des ressources humaines et des opérations du bureau du directoire. Afin de consolider ce leadership commercial dans le secteur biopharmaceutique, nous avons investi 51 millions d'euros supplémentaires en 2008. »

R&D pour sécuriser la croissance

Pour l'avenir du groupe, Andreas Barner a souligné qu'un département en propre de R&D constitue la base d'un succès durable et le meilleur garant de l'indépendance de Boehringer Ingelheim. En illustration, il a cité l'anticoagulant oral, le dabigatran et exilate (Pradaxa®), qui agit par une inhibition directe de la thrombine. Ce produit a obtenu sa première autorisation en 2008 pour la prévention des événements thromboemboliques après la mise en place à froid d'une prothèse de hanche ou de genou.

D'autres études sur ce principe actif se déroulent actuellement avec succès et laissent présager des possibilités d'autorisation supplémentaires. Plus largement, les résultats obtenus pour les principes actifs en développement chez Boehringer Ingelheim permettent au laboratoire d'envisager l'avenir avec optimisme. « Nous souhaitons ainsi remplir autant que possible les lacunes qui seront créées par l'expiration des brevets de certains produits en 2010, et sécuriser la croissance à long terme du groupe », a fait savoir le professeur Andreas Barner.

Pour l'avenir, marqué par la crise économique actuelle, Boehringer Ingelheim entend pérenniser le potentiel de croissance de sa gamme de produits et consolider la position financière de la société. « La solidité de cette entreprise familiale a constitué et constitue encore aujourd'hui une valeur particulière pour nous tous, c'est-à-dire tous les collaborateurs de Boehringer Ingelheim », a déclaré le professeur Andreas Barner, qui entend « assurer l'indépendance à long terme de cette entreprise familiale ».

Jean-Jacques Cristofari