Utiliser la mémantine plus tôt contre Alzheimer
Publié par hammar le Mai 26 2009 13:22:59
Comprendre et traiter la maladie d'Alzheimer reste un défi. Parce que ses symptômes sont pluriels et pas nécessairement aisés à interpréter...

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Comprendre et traiter la maladie d'Alzheimer reste un défi. Parce que ses symptômes sont pluriels et pas nécessairement aisés à interpréter. Troubles cognitifs et du comportement peuvent en effet apparaître de façon larvée et peuvent être liés à d'autres démences que l'Alzheimer.

Utiliser la mémantine plus tôt contre Alzheimer

Ils sont parfois liés aux effets secondaires d'autres traitements. « On sait peu, par exemple, que cette maladie commence par des troubles de l'humeur et de la dépression, avant même que commence la perte de fonction cognitive. Quant à la perte d'autonomie fonctionnelle (toilette, habillage, alimentation, continence), elle n'arrive qu'ensuite », explique le docteur Manfredi Ventura, neurologue de la consultation de la mémoire à Erasme (ULB).

Même si la prise en charge non médicamenteuse est essentielle à assurer, une aide pharmacologique est possible. Non pas pour guérir, ce qui reste impossible. Ni même pour figer la situation existante, puisqu'aucun médicament n'y arrive. Mais bien pour ralentir l'effet du temps et la vitesse de la dégénérescence neuronale. On est loin d'avoir compris le mécanisme de la maladie d'Alzheimer, mais on sait que deux phénomènes au moins sont en cause. Le premier est le fonctionnement anormal de la protéine tau, qui perturbe le fonctionnement des neurones et entraîne leur destruction. Deuxième facteur : une accumulation anormale de fragments de protéines hors des cellules, avec pour conséquence la formation de plaques séniles.

Après une évaluation de la gravité de la maladie, le spécialiste proposera une prise en charge médicamenteuse adaptée. Pour des formes légères à modérées, on prescrit généralement des inhibiteurs de la cholinestérase, apparus il y a une quinzaine d'années. Ils ont pour but de compenser les carences en acétylcholine cérébrale. Ce neurotransmetteur, moteur de la mémoire, voit son taux fortement réduit chez les malades atteints. Ces médicaments ralentissent donc la destruction de l'acétylcholine par la cholinestérase.

Comprendre et traiter la maladie d'Alzheimer reste un défi. Parce que ses symptômes sont pluriels et pas nécessairement aisés à interpréter. Troubles cognitifs et du comportement peuvent en effet apparaître de façon larvée et peuvent être liés à d'autres démences que l'Alzheimer (60 % des démences dans notre pays). Pour des formes modérément sévères à sévères (“test Alzheimer” sous 14/30), la mémantine est également prescrite. Car elle utilise un mode d'action différent : c'est un antagoniste des récepteurs NMDA. Elle agit sur un autre neurotransmetteur indispensable au système nerveux central, le glutamate, présent en quantité trop importante chez les malades. « Plusieurs études indépendantes ont montré que l'utilisation des inhibiteurs de la cholinestérase combinés avec de la mémantine permet de retarder l'institutionnalisation des patients, mêmes si cela ne prolonge hélas pas leur durée de vie », explique Jean-Pierre Baeyens, professeur de gérontologie à l'Université de Luxembourg.

Très récemment, une étude d'Oscar Lopez publiée dans le Journal of Neurology de février montre qu'à plus de 7 sept ans après le début du traitement, seuls 20 % des patients ont dû être placés en institution quand ils ont été traités avec cette combinaison, pour 40 % avec les inhibiteurs de la cholinestérase seuls et 80 % s'ils n'ont reçu aucun médicament. « L'Inserm français a par ailleurs montré que l'utilisation de la mémantine faisait baisser l'usage de psychotropes qui sont suremployés pour ces patients, ce qui les assomme et a de nombreux effets secondaires, dont la confusion », explique le professeur Adrian Ivanoiu, président du Belgian dementia council et professeur à l'UCL. Problème : en Belgique, contrairement aux pays limitrophes, la mémantine n'est remboursée que pour les stades sévères. Elle n'est donc administrée qu'aux patients qui peuvent payer le prix plein. « Un mauvais calcul, puisque le recours plus élévé aux institutions de soins est bien plus coûteux que le maintien à la maison. Et pour la santé morale du patient, il est incomparable de pouvoir rester en famille ».

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