Thérapeutique comportementale contre énurésie nocturne : la persévérance est payante
Publié par Rosette le Mai 27 2009 09:24:24
La prévalence de l’énurésie nocturne est de 20 % à 5 ans, 10 % à 10 ans, avec un taux de rémission de 15 % par an, 2 % des adolescents étant encore atteints...

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La prévalence de l’énurésie nocturne est de 20 % à 5 ans, 10 % à 10 ans, avec un taux de rémission de 15 % par an, 2 % des adolescents étant encore atteints. Les thérapeutiques comportementales sont utilisées en première ligne chez les plus jeunes. Leur efficacité réelle a encore été peu évaluée. Des auteurs néerlandais ont entrepris de façon prospective, la comparaison de plusieurs méthodes appliquées dés l’âge de 4 ou 5 ans.

Les critères d’inclusion ont été l’énurésie isolée, définie par des pertes d’urine nocturnes, sans pertes diurnes (sauf accident), au moins 2 fois par semaine durant les 3 derniers mois chez des enfants vierges de tout traitement antérieur et sans pathologie sous-jacente. Après une période d’observation de 2 semaines, 570 enfants ont été randomisés en 4 groupes :

1) éveil de l’enfant pour uriner après 2 heures de sommeil, en énonçant un mot de passe pour s’assurer du réveil,
2) identique au groupe 1 mais sans utilisation de mot de passe,
3) système de récompense après un nombre défini de nuits sèches,
4) groupe contrôle sans intervention. Le critère de succès a été de 14 nuits sèches consécutives, évalué sur un calendrier couvrant 4 à 6 semaines.

La première évaluation a eu lieu à 6 mois (T1), une seconde (T2) après 3 ans à l’aide de questionnaires. Une étude statistique sophistiquée (imputation multivariable) a été faite pour tenir compte du nombre notable d’enfants sortis de l’étude dont la répartition selon les groupes ne peut être liée au seul hasard. De fait, les taux respectifs de sortie ont été : groupe 1 : 36 %, 2 : 30 %, 3 : 19 % et 4 : 14 %, avec un nombre moyen de jours de participation plus faible dans le groupe 1. Lors de la seconde évaluation (T2), les enfants ayant alors entre 7 et 8 ans, le taux de réponse des parents a été de 64 %, plus élevé pour les enfants « secs » (79 %) que pour les « mouillés » (60 %). Le groupe 2 (enfants levés sans mot de passe) a eu le meilleur taux de succès à 6 mois : 37 % en comparaison du groupe contrôle : 21 % (p<0,01) ce qui statistiquement implique de traiter 6,25 enfants pour un succès ! La réussite des groupes 1 (27 %) et 3 (32 %) n’a pas été statistiquement différente du groupe contrôle.

Les facteurs influant négativement le pronostic ont été le port de couches nocturnes et les fuites accidentelles diurnes. En l’absence de ces facteurs, le taux de succès a été légèrement supérieur : 1 : 31 %, 2 : 39 %, 3 : 36 % et 4 : 22 %. La persévérance est payante : dans le groupe lever sans mot de passe, le taux de succès est de 37 % à 6 mois contre 19 % à 3mois.

Pr Jean-Jacques Baudon