Des traitements sur mesure contre les cancers
Publié par hammar le Juin 07 2009 20:23:45
Une meilleure connaissance de la carte génétique des patients et des caractéristiques cellulaires de la tumeur permet d'affiner les traitements...

Nouvelles étendues

Une meilleure connaissance de la carte génétique des patients et des caractéristiques cellulaires de la tumeur permet d'affiner les traitements.

L'American Society for Cancer Oncology (Asco) constitue le plus important congrès mondial consacré aux nouveaux médicaments du cancer. Il réunit chaque année pas moins de 30 000 participants. Ce week-end à Orlando (Floride), plusieurs vaccins, inhibiteurs de gènes et produits anti-hormonaux ont été présentés. Mais les avancées dans la stratégie thérapeutique contre les cancers vont aussi vers la mise au point de tests permettant de cibler l'usage optimal des médicaments.

C'est vers une vraie personnalisation des traitements que l'on s'oriente de plus en plus : ainsi pour le cancer du sein, la génomique a permis de séparer la maladie en multiples sous-types. En dehors des femmes porteuses des mutations des gènes de prédisposition familiale à ce type de cancer (les gènes BRCA1 et BRCA2), on sait désormais qu'il existe aussi des groupes de femmes atteintes de la maladie et dites «triple négatives». Elles ne bénéficient aucunement des traitements hormonaux qui aident à faire fondre certaines autres tumeurs du sein. En effet, leur tumeur est faite de cellules qui n'ont ni récepteur aux hormones œstrogènes, ni récepteurs de la progestérone et ces cellules n'ont pas non plus de récepteurs pour un facteur de croissance épidermique (EGF).

«Il ne sert donc à rien de leur donner comme traitement de l'Hercéptine, qui bloque ce récepteur» explique le Pr Dominique Maraninchi, président de l'Institut national du cancer (INCa).

En revanche, une nouvelle classe de médicaments - des inhibiteurs baptisés Parp - pourrait être utile dans ces cas difficiles. En effet, ils bloquent l'action d'une enzyme (une polymérase) ayant un rôle important dans le mécanisme de réparation de l'ADN des tumeurs cancéreuses. Des travaux préliminaires montrent que ces substances favorisent une action plus efficace d'une chimiothérapie personnalisée.

Une étude clinique intermédiaire présentée à l'Asco sur 116 fem­mes «triple négatives» atteintes d'une forme évoluée de la maladie montre que celles qui ont reçu l'inhibiteur Parp en plus de la chimiothérapie classique ont une survie moyenne de 9 mois à comparer aux 5,7 mois du groupe classique.

Vaccins thérapeutiques

Un médicament inutile dans un cancer peut s'avérer efficace dans un autre. Ainsi l'Hercéptine, qui ne peut être utilisée que dans 20 % des cancers du sein, a sans doute un avenir dans le traitement du cancer de l'estomac. En effet, cette molécule bloque à la surface des cellules cancéreuses une protéine réceptrice de facteurs de croissance épidermique qui accélèrent la prolifération cellulaire. Or on sait que certains cancers épithéliaux (comme les cancers ORL, pulmonaires ou de l'estomac) sont souvent associés à une multiplication de ces récepteurs.

Une étude commanditée par le géant de la pharmacie Roche sur 3 807 malades ayant un cancer de l'estomac au stade des métastases a montré que 22 % des patients avaient des niveaux très élevés de ces récepteurs. Il a donc été décidé d'administrer de l'Hercéptine en plus de la chimiothérapie à 594 des patients ayant les niveaux les plus élevés. Résultat, leur survie moyen­ne a été de 13,8 mois au lieu de 11 mois avec le traitement classique.

Il existe aussi des vaccins thérapeutiques sur mesure : deux d'entre eux ont été présentés à Orlando. Le premier vaccin BiovaxID (du groupe Biovest International) est fabriqué à partir des tissus prélevés dans la tumeur de chacun des malades. Il cible une protéine spécifique aux cellules cancéreuses de lymphomes non hodgkiniens (formes agressives de cancers lymphatiques) et il épargne les cellules saines. Il a été testé sur 177 malades durant huit ans (un record !), et le groupe ayant reçu le vaccin a vécu 44 mois sans récidive de sa maladie, comparativement à 30 mois chez le groupe témoin, soit un gain de 47 %.

Le second vaccin d'Altor Biosciences vise les malades atteints d'un mélanome (cancer de la peau) ayant fait des métastases. Une étude clinique portant sur 179 pa­tients donne des résultats plus modestes : administré à la moitié des patients en complément d'un traitement conventionnel, pour doper leur système immunitaire, il a permis une survie sans réapparition du cancer de trois mois contre un mois et demi pour le groupe témoin.

L'avenir ? Un anticorps Mabthera recrute les défenses naturelles du corps pour attaquer les cellules marquées par lui. Et il améliore de manière considérable la survie : 95 % des patients de moins de 60 ans traités par Mabthera sont toujours vivants au bout de deux ans.

lefigaro