Les chirurgiens libéraux posent le bistouri à partir de lundi
Publié par Administrateur le Octobre 13 2008 06:41:06
Les principaux syndicats de chirurgiens libéraux appellent leurs adhérents à cesser leurs activités toute la semaine à partir de lundi et à n'assurer que les urgences...

Nouvelles étendues
PARIS - Les principaux syndicats de chirurgiens libéraux appellent leurs adhérents à cesser leurs activités toute la semaine à partir de lundi et à n'assurer que les urgences, pour dénoncer la volonté des pouvoirs publics de réguler les honoraires pratiqués librement en secteur-2.

Cet appel intervient dans un climat de tensions entre plusieurs catégories de personnels hospitaliers et le gouvernement, même si les revendications ne sont pas les mêmes. Jeudi et vendredi prochains, ce sont les syndicats d'urgentistes qui appellent à la grève pour dénoncer la réforme de leur régime de retraite complémentaire qui pourrait, selon eux, faire baisser les pensions de 30%.

Par ailleurs, un syndicat de médecins exerçant une fois par semaine en libéral à l'hôpital public est engagé depuis près de cinq mois dans un bras-de-fer avec le ministère de la Santé pour dénoncer la hausse de la redevance que ces praticiens doivent verser, et appelait à cesser le travail les 2 et 3 octobre.

De leur côté, les principales organisations de chirurgiens (Union des chirurgiens de France, et des syndicats de diverses spécialisations) appellent à n'assurer que les urgences entre lundi et dimanche prochain au cours d'une "semaine sans chirurgie". Les protestataires veulent peser sur la réforme des hôpitaux qui prévoit notamment une régulation des honoraires libres.

Ils souhaitent également se faire entendre dans les négociations en cours entre l'Assurance-maladie et les syndicats de médecins libéraux, portant sur les revalorisations d'honoraires mais également sur la création d'un "secteur optionnel" qui conduirait à terme à la "disparition du secteur-2", selon les organisations de chirurgiens.

"Depuis 1990, seuls les médecins anciens chefs de clinique, anciens assistants des hôpitaux généraux et spécialisés, et anciens praticiens hospitaliers sont autorisés à s'installer en secteur-2", rappelle l'Union des chirurgiens de France (UCDF) dans un communiqué.

"Aujourd'hui en France, les chirurgiens exercent dans près de 85% des cas en secteur-2 et les jeunes chirurgiens débutant leur activité en libérale s'installent en secteur-2", selon l'UCDF. "Les chirurgiens conventionnés en secteur-1 doivent appliquer les tarifs opposables c'est-à-dire le tarif base de remboursement de l'Assurance Maladie".

"Il ne resterait aujourd'hui que 760 chirurgiens exerçant en secteur-1" affirme l'UCDF, qui explique cette situation par le fait que, selon elle, "le tarif opposable des actes chirurgicaux, dit tarif de remboursement ne permet plus d'honorer à son juste niveau le travail chirurgical".

"Voilà la seule et vraie raison du développement du secteur 2 en chirurgie et de l'absolue nécessité des compléments d'honoraires", affirme l'UCDF, qui ajoute que "si le tarif opposable des actes de chirurgie avait été justement et régulièrement valorisé depuis 30 ans, il n'y aurait pas ou peu de chirurgiens en secteur 2".

Le SNCO (Syndicat national des chirurgiens orthopédistes), de son côté "encourage vivement à se mobiliser sans réserve pour participer à la semaine de grève prévue du 13 au 18 octobre", mobilisation "nécessaires au maintien d'une chirurgie de qualité", selon l'organisation syndicale.

Le Syndicat national des chirurgiens viscéraux et digestifs (SNCVD), pour sa part, estime que cette grève "a pour enjeu la qualité et la survie de la chirurgie française".

Dans un entretien au "Journal du Dimanche", la ministre Roselyne Bachelot explique qu'il n'est "pas question, bien sûr" de supprimer "la fin de la liberté tarifaire des praticiens de secteur-2". "Le projet, en cours de négociation, vise à créer un secteur optionnel pour les chirurgiens volontaires. Ils y pratiqueront 30% des actes au tarif de la Sécu et le solde avec des dépassements d'honoraires limités à 50%".

"Le vrai problème", argue-t-elle, "c'est que plus de 80% des chirurgiens sont en tarifs libres, les patients sont donc trop souvent confrontés à des dépassements d'honoraires". AP