Association lénalidomide et prednisone dans la myélofibrose primitive
Publié par La Pharmacienne le Février 12 2010 14:24:00
L’arsenal médicamenteux dans la myélofibrose (MF) est pauvre, en tout cas il n’a jamais permis d’allonger la survie des patients, et seule l’allogreffe de cellules souches hématopoïétiques est considérée comme une stratégie potentiellement curatrice...

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L’arsenal médicamenteux dans la myélofibrose (MF) est pauvre, en tout cas il n’a jamais permis d’allonger la survie des patients, et seule l’allogreffe de cellules souches hématopoïétiques est considérée comme une stratégie potentiellement curatrice.

Ici, les auteurs ont évalué, au sein d’une étude prospective monocentrique, l’utilité du lénalidomide et de la prednisone dans la MF primitive au sein d’un essai de phase II monocentrique. L’association thalidomide et prednisone s’est déjà (Mesa et coll. Blood 2003) montrée capable d’améliorer les anémies, thrombocytopénies et de réduire la splénomégalie, mais au prix d’une tolérance neurologique médiocre. Le lénalidomide en monothérapie dans la MF, est également crédité d’une certaine efficacité sur les cytopénies, avec peut-être un impact plus profond sur la maladie (Tefferi et coll. Blood 2006).


Dans l’étude présentée ici, les patients (n=40) pouvaient avoir une MF nouvellement diagnostiquée mais nécessitant un traitement (score de Lille x05; 1 ou splénomégalie symptomatique) ou une MF réfractaire ou en évolution après un traitement antérieur (y compris la thalidomide). Le lénalidomide était donné par cycles de 21 jours tous les 28 jours à la posologie initiale de 10 mg/j associée à de la prednisone à dose décroissante au fil des cycles. Les résultats sont présentés avec un suivi médian de 22 mois (6-57). Les réponses ont été classées selon les critères IWG 2006 (Tefferi et coll. Blood 2006).


Le taux de réponse a été de 30 % incluant 3 réponses partielles et 9 améliorations cliniques, ce aussi bien chez des patients nouvellement diagnostiqués que prétraités, aussi bien porteurs de la mutation V617F de JAK2 que non porteurs de cette mutation. Le délai médian d’obtention de la réponse était de 12 semaines et les réponses ont été durables (18 mois en médiane). Elles ont essentiellement concerné les anémies et les splénomégalies, et aucun des malades neutropéniques ou thrombocytopéniques à l’inclusion n’a répondu.


Au plan biologique, chez 2 patients répondeurs, porteurs d’anomalies cytogénétiques, a été constatée une diminution du nombre de mitoses médullaires anormales. En cas de mutation V617F de JAK2, la quantité d’allèle JAK2 a diminué de manière significative chez les répondeurs et une réponse moléculaire complète a été obtenue chez un malade avec un recul de 18 mois. Enfin, il a été observé une diminution de la fibrose réticulinique chez 10 des 11 patients répondeurs ayant bénéficié de biopsies moléculaires itératives, et une diminution des dépôts de collagène dans 3 cas.


Au plan de la tolérance, le traitement a engendré de fréquentes cytopénies (neutropénies et anémies en particulier), ainsi qu’une asthénie, des troubles digestifs et des éruptions cutanées. Aucune thrombose veineuse profonde n’est survenue alors que seule une prophylaxie par acide acétyl-salicylique était recommandée.


Au total, des résultats extrêmement intéressants dans cette pathologie incurable mais l’on souhaiterait avoir dans le futur des nouvelles de cette cohorte avec un recul plus important pour savoir si le lénalidomide doit être classé parmi la liste des traitements à action uniquement « symptomatique » ou si un effet de fond sur la maladie peut être espéré.



Dr Delphine Rea, JIM

Quintas-Cardama A. et coll. : Lenalidomide plus prednisone results in durable clinical, histopathologic and molecular responses in patients with myelofibrosis. J Clin Oncol 2009 ; 27 : 4760-4766.