Dépression au cours de la grossesse : quels facteurs de risque ?
Publié par La Pharmacienne le Avril 23 2010 22:53:28
La dépression est une des complications les plus fréquentes de la grossesse, et pourtant cette affection est sous-estimée. Les troubles dépressifs majeurs concernent environ 13 % des femmes enceintes et constituent un facteur de risque majeur de dépression du post-partum, qui est par contre largement reconnue...

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La dépression est une des complications les plus fréquentes de la grossesse, et pourtant cette affection est sous-estimée. Les troubles dépressifs majeurs concernent environ 13 % des femmes enceintes et constituent un facteur de risque majeur de dépression du post-partum, qui est par contre largement reconnue.


Malgré sa fréquence, la dépression est très rarement un motif de consultation des femmes enceintes, en grande partie à cause de l’image socio-culturelle de la maternité. La grossesse est censée être une période d’épanouissement et les femmes déprimées se culpabilisent et portent un jugement moral sur elles-mêmes. Elles nient ou cachent leurs états dépressifs et de ce fait ne demandent pas d’aide. Elles peuvent connaître de grandes souffrances psychiques et physiques susceptibles d’effets délétères sur elles-mêmes, les fœtus, les nourrissons et les familles. Ces femmes sont exposées à une moins bonne hygiène de vie et à un moins bon suivi des recommandations médicales.


Etant donné l’ampleur et les conséquences de la dépression durant la grossesse, plusieurs organismes professionnels, dont le Collège Américain des Gynécologues et Obstétriciens, recommandent le dépistage systématique de cette affection. Mais les cliniciens sont mal préparés à diagnostiquer et à prendre en charge la dépression du pré-partum. La connaissance des facteurs de risque de cette affection pourrait être très utile aux cliniciens pour identifier plus facilement les femmes à haut risque.


Dans ce contexte, une revue systématique de la littérature a évalué les facteurs de risque de la dépression prénatale destinés aux consultations obstétricales de routine. Les articles publiés entre 1980 et 2008 ont été évalués, permettant de sélectionner les études traitant l’association entre la dépression pendant la grossesse et au moins un facteur de risque. Au total, 57 études ont été retenues. La plupart d’entre elles étaient des études d’observation. Dans les analyses bivariées, les facteurs associés à un risque important de dépression prénatale étaient les suivants : anxiété maternelle, stress, antécédents de dépression, absence de soutien social, grossesse non désirée, violence domestique, faible revenu, bas niveau d’éducation, tabagisme, célibat, absence d’assurance maladie et relations intimes de mauvaise qualité. Toutefois, les analyses multivariées ont significativement associé à la dépression prénatale seulement 3 facteurs : le stress, la violence domestique et l’absence de soutien social.


Cette analyse présente certaines limites, et notamment une hétérogénéité significative entre les études. De plus, la plupart des travaux avaient utilisé des méthodes de dépistage de la dépression et non pas des méthodes diagnostiques. La mise en évidence de ces limites permettra de les réduire dans les recherches futures.


Par ailleurs, l’analyse concerne les populations des pays développés et ces résultats ne peuvent être extrapolés à d’autres populations.


En conclusion, puisque la dépression durant la grossesse représente une menace importante pour la santé de la mère, du fœtus et du nourrisson, il est important que les cliniciens lui portent une attention particulière. Les facteurs de risques identifiés par cette étude pourraient leur être utiles pour l’identification des femmes à risque. Cependant, le rôle de ces facteurs de risque dans le dépistage de la dépression prénatale n’a pas encore été étudié et ce travail reste à faire.



Dr Viola Polena, JIM

Lancaster CA et coll. : Risk factors for depressive symptoms during pregnancy: a systematic review. Am J Obstet Gynecol 2010 Jan ; 202 (1) : 5-14.