Pour éviter l’infarctus, brossez-vous les dents !
Publié par La Pharmacienne le Juin 05 2010 07:42:10
Un item « brossage des dents » viendra-t-il bientôt compléter la liste des facteurs de risque cardiovasculaire ? On peut sérieusement se le demander. Plusieurs études se sont penchées récemment sur l’association entre les marqueurs sériques de l’inflammation et le risque cardiovasculaire. D’autres travaux ont établi une relation entre la parodontopathie, l’inflammation et le risque cardiovasculaire. De là à suggérer un lien entre l’hygiène dentaire et le risque cardiovasculaire il n’y avait qu’un pas, franchi par une équipe londonienne.


Près de 12 000 patients ont été inclus dans cette étude, et devaient déclarer la fréquence à laquelle ils se brossaient les dents. Un dosage des marqueurs de l’inflammation, CRP et fibrinogène, était réalisé et les patients suivis pendant 8 ans. Environ 62 % des sujets ont rapporté une hygiène dentaire correcte, avec des visites régulières chez le dentiste et un brossage des dents deux fois par jour.


Pendant la durée du suivi, 555 évènements cardiovasculaires sont survenus, le plus souvent dus à un problème coronarien (74 %), et 170 ont abouti au décès du patient. L’analyse des résultats montre que les patients ayant une mauvaise hygiène dentaire, ne se brossant que rarement voire jamais les dents, ont une augmentation de 70 % du risque d’évènement cardiovasculaire par rapport à ceux qui se brossent les dents 2 fois par jour. Ce résultat est obtenu après ajustement pour l’âge, le sexe, des conditions socio-économiques, le tabagisme, les visites chez le dentiste, l’IMC, les antécédents familiaux, le diabète ou l’hypertension. Mais un brossage des dents insuffisant est corrélé aussi à une élévation de la CRP et du fibrinogène. La parodontopathie, très fréquemment associée à une mauvaise hygiène buccale, est sans doute à l’origine de ce syndrome inflammatoire.


Les auteurs rappellent que des études prospectives longitudinales ont montré que les marqueurs de l’inflammation que sont la CRP et le fibrinogène, peuvent être utilisés pour prédire le risque cardiovasculaire. Ils observent que, si des études plus approfondies devront préciser le lien entre parodontopathies et pathologies cardiovasculaires, il pourrait être utile dès à présent d’ajouter la fréquence du brossage des dents à l’évaluation du risque cardiovasculaire. Utile aussi sans aucun doute, d’éduquer les patients à une bonne hygiène dentaire, et pas seulement en prévention du risque cardiovasculaire.


Dr Roseline Péluchon, JIM

De Oliveira C et coll.: Toothbrushing, inflammation, and risk of cardiovascular disease: results from Scottish Health Survey. BMJ 2010;340:c2451