Antidépresseurs: L'urgence d'un suivi des traitements
Publié par La Pharmacienne le Juillet 12 2010 07:16:17
Le coup de folie du médecin qui a massacré sa famille en Vendée, fin mai, est-il lié à la prise d'un antidépresseur? Explications.


L'enquête sur le drame survenu en Vendée, fin mai, met en cause la prise d'un antidépresseur, la sertraline, pour expliquer le coup de folie du médecin qui a massacré sa famille. Cette molécule, commercialisée sous le nom de Zoloft en France, est soupçonnée de favoriser la survenue de comportements violents. L'éclairage de Anne Castot, chef du service de la gestion des risques des médicaments à l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé.


La sertraline est-elle un antidépresseur particulièrement dangereux? Elle fait partie des antidépresseurs de deuxième génération, au même titre que la fluoxétine, connue sous le nom de Prozac. Ce sont les plus utilisés du fait de leurs effets secondaires réduits. Cela fait plus de 20 ans que ces produits sont vendus sur le marché et, rapporté au nombre de patients traités, de tels incidents restent absolument exceptionnels. En fait, il est extrêmement difficile d'évaluer la responsabilité de ces médicaments. Aucune véritable démonstration n'a été faite à ce jour qu'il existe un rapport direct de cause à effet entre la prise d'antidépresseurs et ces comportements extrêmes.


Des études associent cependant la prise d'antidépresseurs et l'augmentation du risque de suicide... Certes, les antidépresseurs entraînent un risque suicidaire, tout particulièrement chez les jeunes de moins de 25 ans. Et c'est pour cette raison que leur prescription nécessite un suivi très rapproché. Mais ce lien n'est pas formellement établi, car la dépression elle-même ou d'autres facteurs comme, par exemple, un trouble psychiatrique qui n'était pas encore apparent ou une prescription mal adaptée, peuvent déclencher un passage à l'acte.


Comment limiter les risques? Il faut d'abord que le traitement prescrit soit légitime. Ensuite, il est indispensable d'entourer l'administration de ces médicaments par une mise en garde de leur bon usage et une surveillance étroite des patients. Des enquêtes montrent que, dans un tiers des cas, les personnes traitées pour dépression arrêtent l'usage des médicaments au terme de la première boîte. Pour certaines parce qu'elles n'en ressentent plus le besoin, sans doute parce qu'il ne s'agissait pas d'une véritable dépression. Pour les autres, faute de soutien. Alors que pour être efficace, le traitement doit être suivi sur plusieurs mois.


Enfin, il est essentiel de renforcer l'accompagnement des malades pendant les 3 à 4 premières semaines de traitement. Une période très fragilisante où le médicament n'agit pas encore comme antidépresseur mais a un effet désinhibiteur. Le patient reste très déprimé et, s'il a des tendances suicidaires, cela peut l'inciter à passer à l'acte.


L'express