Du type de méningocoque dépendent aussi la fréquence et la gravité de la méningite
Publié par La Pharmacienne le Juillet 18 2010 11:08:39



L’épidémiologie des méningites bactériennes a été modifiée par l’introduction des vaccins contre l’Hémophilus et le pneumocoque. Les méningocoques sont en cause dans la moitié des cas ; la fréquence des différents types varie d’un pays à l’autre, selon la couverture vaccinale contre le méningocoque C. Un réseau de surveillance du Groupe de Pathologie Infectieuse de la Société Française de Pédiatrie a recensé les méningites à méningocoques et comparé la clinique et l’évolution selon les sérogroupes. En 2001-2005, 259 services de pédiatrie et 168 laboratoires ont enrôlé prospectivement tous les cas.


Pendant ces 5 ans, 2 131 méningites bactériennes ont été diagnostiquées dont 962 liées au méningocoque soit 45 % (42-51 %/an). L’âge médian des patients était de 2,5 ans ; 67,7 % des enfants avaient moins de 5 ans. Aucun n’avait reçu le vaccin anti-méningocoque C. Des signes de gravité, coma, choc, convulsions, purpura extensif, étaient présents dans 51 % des cas : 46,9 % pour le groupe B et 54,4 % pour le C (p=0,04).


Le liquide céphalo-rachidien contenait moins de 10 cellules dans 7,7 % des cas mais les taux de protéines et glucose étaient anormaux. La coloration de Gram était positive dans 68 % et la culture dans 73 % des cas, l’hémoculture était négative dans 57 % des cas. Un traitement antibiotique préalable n’expliquait que 60 % des LCR négatifs. Dans ces cas, le diagnostic a reposé sur la PCR ou la détection de l’antigène capsulaire dans le LCR ou le sang ou l’hémoculture ou la culture d’un autre site. La distribution des sérogroupes de méningocoques a été variable d’une année sur l’autre. Le B était prédominant, incriminé en moyenne pour 62,3 % des observations (51,4 %-72,1 %) suivi du C 33,7 % (24,2-43,4 %) puis W 135 (2,9 %), A 0,6 % et Y 0,6 %. Cette distribution n’était pas modifiée en fonction de l’âge. Toutes les souches étaient sensibles au cefotaxime et à la ceftriaxone et 41,6 % résistaient à la pénicilline G. L’analyse des relations entre sérogroupe, sérotype et sous-sérotype, basé sur 605 cas a montré une grande diversité, avec pour le B, 35 sous-sérotypes et 15 pour le C.


Cependant, certains phénotypes étaient groupés comme le B:14 :P1.7,16 en Haute Normandie avec des enfants plus âgés (8,6 ans) et une mortalité plus élevée (12 %) que pour les autres phénotypes. Le clonage a montré la prédominance de certains génotypes dans les sérotypes B et C dont l’un pourrait être associé à une mortalité plus élevée.


Le taux de mortalité globale a été de 6,9 %, plus élevée chez le nourrisson (7,9 %), en cas d’hémoculture positive (11,2 %) et surtout de type C 9,9 % contre 5,9 % pour le B (p=0,04).


Au total, ce travail est important pour la politique vaccinale. Le typage contribue au pronostic.


Pr Jean-Jacques Baudon, JIM

Lévy C et coll . : Association of meningococcal phenotypes and genotypes with clinical characteristics and mortality of meningitis in children. Pediatr Infect Dis J 2010;618-23