Difficile de définir le risque de BPCO sur les seuls symptômes respiratoires
Publié par La Pharmacienne le Juillet 18 2010 11:09:21



Le tabagisme chronique actif, voire passif est à l’origine de bien des maux affectant l’appareil respiratoire, tout autant que le système cardiovasculaire. La bronchopneumathie chronique obstructive (BPCO) occupe une place de choix dans la liste de ces méfaits. Cependant la spirométrie systématique chez les fumeurs asymptomatiques n’est pas recommandée par les sociétés savantes et les groupes de travail.


Pourtant, dans un pays comme les Etats-Unis, le diagnostic de BPCO est méconnu dans près de 50 % des cas, ce qui est énorme, alors qu’il faudrait identifier les malades à haut risque le plus tôt possible lorsque le trouble ventilatoire obstructif (TVO) est partiellement réversible si des mesures préventives adéquates sont instaurées.

Une étude rétrospective a inclus 3 955 patients victimes d’un tabagisme chronique qui ont bénéficié d’une évaluation médicale (histoire de l’intoxication tabagique, recherche de symptômes respiratoires, spirométrie) dans le cadre de la médecine du travail. Un TVO était présent chez 44 % des sujets et pour plus d’un participant sur trois (36 %), le diagnostic ou la prise en charge d’une BPCO étaient déjà effectifs.


Parmi les symptômes respiratoires identifiables, certains ont été significativement associés à un risque élevé de TVO estimé au moyen des classiques odds ratios (OR) qui sont à peu près l’équivalent des risques relatifs calculés dans les études de cohorte prospectives. Ainsi, en cas de tabagisme chronique avéré (x05; 20 paquets-années) l’OR de TVO a été estimé à 3,73 en cas de toux, 1,79 pour la dyspnée, 1,95 pour l’expectoration et 2,59 pour le bronchospasme audible.


Cependant, des symptômes respiratoires ont été rapportés par 92 % des fumeurs avec TVO, 86 % de ceux avec un syndrome restrictif, 76 % des fumeurs chroniques sans anomalie à la spirométrie …mais aussi 73 % de ceux qui ne fumaient pas.


Autrement dit ces symptômes en termes de performances diagnostiques sont décevants avec une sensibilité (92 % vs 90 %), une spécificité (19 % vs 22 %), une valeur prédictive positive (47 % vs 40 %) ou encore de une valeur prédictive négative (75 % vs 80 %) similaire chez les fumeurs et l’ensemble des sujets.


Au total, les symptômes respiratoires dont fréquents chez les patients présentant un trouble ventilatoire obstructif et confèrent un risque individuel plus élevé de BPCO mais ils n’ajoutent pas grand chose au-delà de l’âge et des antécédents d’intoxication tabagique, à la valeur prédictive de la spirométrie.



Dr Philippe Tellier, JIM

Ohar JA et coll. Do Symptoms Predict COPD in Smokers? Chest 2010 ; 137: 1345-1353.