La réponse immunitaire de l'intestin décryptée
Publié par La Pharmacienne le Décembre 16 2010 09:56:56
Le gros intestin joue un rôle important dans la réponse immunitaire de l'organisme. Les cellules dendritiques intestinales sont colonisées par des bactéries non pathogènes (bactéries commensales), qui induisent la production d'immunoglobulines A (IgA). Si cette induction est depuis longtemps connue, la cinétique et la durée de cette réponse restent méconnues, l'induction de la production d'IgA n'ayant pu jusqu'ici être découplée d'une exposition permanente aux bactéries commensales. Ces caractéristiques, qui se sont révélées surprenantes, ont pu être précisées par une équipe de l'Université de Berne.


Les chercheurs ont fait ingérer par gavage intragastrique des bactéries Escherichia Coli modifiées à des souris ne comportant pas de germes bactériens. La souche mutante bactérienne HA107, possédant trois modifications par rapport à la souche naturelle, colonise initialement l'intestin comme cette dernière. La durée de la colonisation, avec la lignée modifiée, ne dure cependant que 72 heures au maximum. Quatre semaines après des injections de HA107, la réponse immunitaire obtenue en terme de production d'IgA est similaire à celle obtenue avec des bactéries non modifiées induisant une colonisation irréversible de la flore intestinale. La stimulation de cette réponse par des bactéries commensales est ainsi découplée de la réponse immunitaire de la muqueuse intestinale. Les chercheurs ont constaté qu'il existe un seuil du nombre de bactéries en-deçà duquel aucune réponse du système immunitaire intestinal n'est exprimée. Celui-ci ne possède en outre pas les caractéristiques de ''mémoire'' classiques des systèmes immunitaires. La réponse IgA induite chez des souris modifiées ne montre pas d'effet de synergie lorsque plusieurs immunisations sont induites de façon séquentielle ; lorsque la réponse IgA a été induite chez des souris qui sont revenues à un état d'absence de germes bactériens, la réponse spécifique n'est changée que si une nouvelle stimulation avec de nouvelles bactéries est effectuée. Ces caractéristiques du système immunitaire intestinal devraient aider à la conception de vaccins.


Ces travaux ont été publiés dans la revue américaine Science