Parodontite et grossesse
Publié par La Pharmacienne le Janvier 13 2011 16:39:43
En 2006 plusieurs compagnies d’assurances aux Etats-Unis ont décidé d’offrir des soins de gencives à leurs clientes enceintes qui souffraient de parodontite, sans supplément de cotisation. Cette action s’inspirait des résultats d’un certain nombre de travaux qui tendaient à démontrer que la parodontite multipliait par 2,8 le risque d’accouchement prématuré, et que sa prise en charge pendant la grossesse était, non seulement sans danger, mais utile au bon déroulement de celle-ci.


D’autres essais randomisés ont été récemment publiés et une méta-analyse les reprend, pour tenter de déterminer si le traitement de la parodontite par détartrage et surfaçage radiculaire pendant la grossesse est capable de modifier l’issue de cette dernière.


Onze essais randomisés, incluant au total 6 558 patientes, ont été sélectionnés. Les auteurs notent, d’entrée, que les résultats de ces essais sont contradictoires, selon leur qualité méthodologique. En effet, si les essais de qualité moyenne concluent à l’existence d’un bénéfice au traitement, ceux de qualité supérieure, qui comportent un risque infime de biais, ne retrouvent pas au contraire d’effet favorable de cette prise en charge, ni sur le risque d’accouchement prématuré (OR 1,15, IC 95 % 0,95 à 1,40 ; p=0,15), ni sur celui de petit poids de naissance (0R 1,07, 0,85 à 1,36 ; p=0,55) ou de fausse couche (OR 0,79, 0,51 à 1,22 ; p=0,28). Ces résultats sont en opposition avec ceux des méta-analyses réalisées jusque là, et notamment l’une d’elle, publiée en 2009, mais qui, selon les auteurs, incluait des essais ayant eux aussi trop de défauts méthodologiques.


Des travaux avaient suggéré que la parodontite était à l’origine d’une augmentation de la production d’agents inflammatoires, notamment de cytokines, qui pouvaient affecter les tissus embryonnaires ou le liquide amniotique. Il semble toutefois que, dans les formes les plus sévères, le traitement lui-même peut être à l’origine d’une réponse inflammatoire, non seulement locale mais aussi systémique. Les auteurs ne réfutent pas définitivement l’hypothèse d’un effet des soins de gencives sur le risque d’accouchement prématuré, mais suggèrent de pousser plus loin les investigations, avec la réalisation d’essais incluant des patientes dont les soins de gencives seraient pratiqués avant la grossesse ou en tout début de celle-ci, et en étudiant des sous-groupes en fonction du stade de l’atteinte parodontale.


Quoi qu’il en soit, il est toujours bon de conseiller aux femmes enceintes de faire vérifier régulièrement leur dentition, et de réaliser les soins nécessaires à une éventuelle parodontite. Elles doivent toutefois être informées que ces soins ne diminueront vraisemblablement pas le risque d’accouchement prématuré ni de naissance d’un enfant de petit poids.


Dr Roseline Péluchon

Polyzos NP et coll.: Obstetric outcomes after treatment of periodontal disease during pregnancy: systematic review and meta-analysis
BMJ 2010;341:c7017

JIM