La robotique contre les maladies nosocomiales
Publié par MedeSpaceNews le Juillet 09 2012 18:27:56
Une clinique iséroise s'est dotée du premier robot de laboratoire permettant le dépistage ultra-rapide, chez les patients entrants, de bactéries responsables de maladies nosocomiales.

Déceler la présence des bactéries responsables des maladies nosocomiales -ces infections contractées pendant une hospitalisation- avant même que celles-ci ne se déclarent: cette démarche préventive a de quoi intéresser le système hospitalier français. En effet, selon le comité de lutte contre les infections nosocomiales, 6,9% des séjour en hôpital sont compliqués par une infection de ce type et 4200 décès par an en seraient la conséquence directe.

La clinique des Cèdres, sur la commune d'Echirolles en Isère, a donné une nouvelle dynamique à la prévention des maladies nosocomiales en concluant un partenariat avec la société américaine Cepheid, permettant l'installation d'un robot unique au monde.
Une heure et demie au lieu de deux jours

GeneXpert Infinity 80 a la particularité d'accélérer considérablement la réaction de dépistage dite de PCR, qui consiste à extraire de l'ADN des bactéries pour révéler et analyser leurs caractères. «Cette technique vieille d'une trentaine d'années était jusqu'à présent longue et fastidieuse, et ne pouvait donc pas être réalisée de manière systématique en milieu hospitalier», explique le Dr Guillaume Richalet, PDG de la clinique des Cèdres. «Ce robot permet de réduire considérablement le temps d'exécution de la manipulation et de réduire la détection d'un staphylocoque doré à 72 minutes, contre 48 à 72 heures auparavant».

Cette bactérie portée de manière asymptomatique (sans que l'organisme ne réagisse) par 30% de la population est responsable de 30 à 50% des infections nosocomiales. Inoffensive dans ses gîtes naturels que sont le nez, la gorge ou encore le pli de l'aine, elle est la principale responsable des infections dites endogènes, soit l'auto-infection du patient provoquée par le migration de ses propres germes au cours de soins ou d'opérations.

Grâce à cette nouvelle méthode, «des patients dont l'état ne laissait que peu de temps à l'analyse, comme c'est le cas aux urgences, en maternité ou en chirurgie, peuvent désormais être dépistés et leur prise en charge ajustée au mieux pour éradiquer le risque infectieux», poursuit le Dr Richalet.

Les patients porteurs de la bactérie bénéficient d'une prise en charge spéciale: ils sont décontaminés, puis placés sous un traitement antibiotique et, si nécessaire, isolés, tout en étant signalés à l'ensemble du personnel hospitalier par le port d'un bracelet de couleur afin d'éviter les contaminations.
Rentable à long terme

Mise en place en février dernier, l'initiative semble porter ses fruits. Selon son PDG, la clinique des Cèdres, qui publiera les premiers résultats de l'opération d'ici quelques mois, n'a déploré qu'un cas d'infection due à un staphylocoque doré depuis l'installation du robot.

L'investissement semble donc prometteur, bien que son coût non négligeable de 500.000 dollars (397.000 euros) le mette hors de portée d'un grand nombre d'établissements de santé. Ce qui n'empêche pas sa rentabilité à long terme, selon le Dr Richalet: «Limiter la prolifération des infections nosocomiales, c'est éviter les complications parfois fatales pour certains patients. Mais c'est aussi limiter les actes médicaux et traitements associés. Cette action préventive a donc des conséquences directes et positives sur le coût des prises en charge qui ont tout lieu d'intéresser l'État et les sociétés d'assurance que nous encourageons à financer ce type d'investissement dans l'intérêt des patients et du système de santé.»

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